« Le rapport Charon vise le long terme » - N°254 – 4ème trimestre 1999 -

Le rapport rendu cet été par Jean-Marie Charon à Catherine Trautman aurait pu n’être que le nième rapport du genre. Il coïncide dans le temps avec le texte adopté par le Conseil économique et social, qui, comme tant d’autres avant lui, accumule les lieux communs et n’est qu’un catalogue des dérives déontologiques et des recettes supposées y remédier sans pencher pour aucune. Si le rapport Charon parvient à éviter ce piège, c’est que son auteur se refuse à préconiser des solutions de portée globale censées résoudre la crise de crédibilité des médias. Au passage, bien que le rapport lui ait été commandé par le ministère de la Culture et de la Communication, il ne suggère pas non plus, contrairement à tant de parlementaires, l’intervention de l’état dans la déontologie journalistique. Face à tous ceux qui veulent l’institution d’une instance de régulation déontologique, sur le modèle du CSA, Jean-Marie Charon observe qu’il n’y aurait pas pire perversion que de voir s’instituer une attitude qui consisterait à voir les rédactions s’en remettre à la pure application des règles, qui ne sauraient prévoir toutes les situations, ainsi qu’aux avis et sanctions de cette forme d’autorité. L’auteur du rapport craint aussi les démarches ne misant que sur quelques condamnations que l’on voudrait spectaculaires qui risqueraient de ne s’attaquer qu’à quelques boucs émissaires, là où les véritables problèmes posés est celui de la dynamisation de la responsabilité de tous.

Un module de formation

Au total les recommandations de Jean-Marie Charon frappent par leur modestie, mais aussi par une approche des questions de déontologiques sur le long terme. C’est ainsi qu’il propose que tous les journalistes suivent un module de formation au droit et à la déontologie de l’information dans les deux premières années de leur vie professionnelle. Ce module, dispensé par les écoles reconnues, serait en grande partie financé par l’état.

Le rapport propose que la commission de la carte soit chargée de constater que cet enseignement de quelques jours a bien été suivi avant la remise de la carte de titulaire. J.M Charon propose également une coordination accrue entre les médiateurs de l’information, mais surtout, l’institution d’entretiens de l’information qui seraient à la presse ce que les entretiens de Bichat sont à la médecine. Le ministère de la Culture prendrait l’initiative d’une concertation permettant l’organisation de ces entretiens. Un regret et un satisfecit pour terminer : Le regret que les organisations consultées n’aient pas reçu le rapport ; le satisfecit : qu’il soit accessible sur le web.