« Observation sur le texte de Claude Chambonnaud » – Séance du 17 mars 1999

(…) Le rapporteur met en exergue des textes produits par le SNJ, qui n’est qu’une des organisations syndicales de la profession, alors même qu’au-delà du contexte majoritaire, c’est la CFDT qui depuis près de trente ans pose la question des pratiques professionnelles. C’est d’ailleurs elle qui, depuis 1983, demande la mise en place d’un observatoire des médias. C’est elle encore qui réclame aujourd’hui un comité d’éthique national. Ce sont bien souvent ses militants qui sont à l’origine des médiateurs, qui sont parfois des adhérents ou proches d’elle (La Vie, RFI…) Enfin concernant la capacité des citoyens d’exercer leurs droits face à la presse ou à la société de limiter les dérives, la sanction vis-à-vis des journalistes n’est pas pertinente et ne peut être retenue. D’une part, les citoyens disposent de moyens que vont renforcer des lois en préparation (droit de réponse, diffamation, protection de l’enfance…) D’autre part, les pratiques journalistiques sont la plupart du temps la résultante des logiques d’entreprise. Il faut rappeler que ce sont les directions d’entreprise et leurs hiérarchies qui effectuent le plus souvent le choix que mettent en œuvre ensuite les journalistes. C’est dans cette optique que la CFDT entend susciter la création d’un observatoire des médias et des pratiques professionnelles et un comité d’éthique national. Institutions qui mettraient en lumière les tendances lourdes qui génèrent les dérives que l’on constate journellement (course à l’audience, mélange communication, publicité, information…). La CFDT en appelle aussi à la reconnaissance de l’entité juridique des équipes rédactionnelles qui permettent collectivement aux praticiens quotidiens de l’info, que sont les journalistes, de réfléchir, se prononcer, voire s’opposer aux logiques développées par les éditeurs. Cette disposition, obtenue par la loi sous le premier gouvernement Mauroy a été ensuite annulée par François Léotard. La CFDT demande encore l’intégration de la déclaration de Munich (1971) au sein de la convention collective de travail des journalistes. Des dispositions de contrôle, voire des outils de régulation quant à la détention des médias écrits et audiovisuels sont aussi indispensables et à imaginer autrement qu’en termes de seuils de propriété à ne pas dépasser. D’autant plus que les grands groupes de presse français sont, en général, tous liés à des marchés publics.