« Appel aux journalistes » - N°851 – mai- juin- juillet 1996

Au lendemain de son 18è Congrès, le Syndicat général des journalistes FO s’adresse à l’ensemble des confrères pour que, ensemble, nous renforcions le combat commun pour la défense de la profession.

Défendre la profession, c’est d’abord défendre notre convention collective face aux tentatives patronales visant à la remettre sans cesse en cause, dans tous les secteurs, et avec elle les droits et garanties collectives qui assurent à chaque salarié la reconnaissance de sa qualification, à laquelle correspond un salaire. Nous refusons notamment tout ‘« statut unique de l’écrit’ » préconisé par les dirigeants de la FILPAC-CGT. Un tel ‘« melting pot’ », englobant toutes les catégories professionnelles, n’aurait pour seul résultat que la déqualification pour toutes les catégories, de nouveaux licenciements, la flexibilité généralisée. Défendre la profession, c’est défendre le droit à un vrai emploi, à un vrai salaire. A la diminution régulière du pouvoir d’achat, à la CSG, au RDS, y compris pour les retraités et les chômeurs, s’ajoute la pression sur les salaires par le recours massif à des précaires (pigistes, CDD) voire au travail gratuit en utilisant stagiaires employés dans le cadre de l’alternance école entreprise. Sans compter les tentatives pour supprimer les primes, le 13è mois, mettre en place le salaire au mérite ou supprimer l’abattement de 30%. Le SGJ FO exige le retour à de véritables négociations en vue d’aboutir à une revalorisation des salaires, permettant le rattrapage du pouvoir d’achat. Face au recours abusif à des journalistes à emploi précaire, il appelle à engager l’action pour la titularisation immédiate des CDD et pigistes, en fonction de l’ancienneté de leur collaboration, et pour faire applique la loi Cressard, garantissant aux pigistes des contrats réputés contrats de travail. Il exige l’application d’un barème minimum de piges dans tous les médias. Défendre la profession, c’est exiger dans l’audiovisuel le maintien d’un secteur public fort, actif et compétent, avec des journalistes professionnels efficaces et responsables, face aux dérives souhaitées par certains dirigeants. C’est obtenir, par exemple à RFO, les moyens budgétaires permettant d’assurer les missions de service public dévolues à ces sociétés. C’est faire respecter dans l’audiovisuel privé les lois morales essentielles qui sous tendent notre métier, et qui sont autant de garanties face aux puissances de l’argent. Défendre la profession, c’est défendre le droit à la formation, dont les fonds doivent aller uniquement aux centres et aux actions de formation restant dans le champ des qualifications reconnues par la convention collective, et non à ces officines qui, dans leur catalogue, suggèrent aux employeurs l’organisation de formation polyvalente comme rédacteur-secrétaire de rédaction-correcteur-monteur, infographe-photograveur ». C’est défendre le CPJ et le CFJ, menacés dans leur existence, notamment par la décision des administrateurs SNJ, CGT et CFDT d’imposer au personnel du CFPJ une baisse de 10 % de son salaire. Défendre la profession, c’est renforcer le syndicalisme libre et indépendant, c’est-à-dire le syndicat qui, en toutes circonstances, se détermine exclusivement en fonction des revendications et des intérêts particuliers de ses mandants et non d’un prétendu ‘« intérêt général’ », qui n’est en fait que la traduction des volontés patronales ou gouvernementales. C’est opter pour le syndicalisme confédéré, qui, parce qu’il défend l’ensemble des salariés est le plus à même d’agir efficacement pour chacune des catégories.