« Rapport sur la formation des journalistes : des propositions inacceptables » - N°858 – mai- juin- juillet 1998

A la demande de Catherine Trautman, ministre de la communication, un rapport sur la formation des journalistes a été rédigé par M. Claude Sales, ancien président de Télérama. Notre syndicat, qui avait participé à une première table ronde organisée sur la question au ministère de la communication et dont les représentants avaient été entendus par M. Claude Sales dans le cadre de sa mission, a immédiatement réagi à la publication de ce document, qui ne saurait constituer pour les journalistes FO une base sérieuse de discussion. Au-delà de l’aspect superficiel de l’étude menée par M. Claude Sales, plusieurs propositions du rapport et sa logique même paraissent en effet de nature à remettre en cause de façon inacceptable la convention collective et le statut des journalistes, en encourageant une précarisation encore plus grande dans la profession. Ainsi la suggestion visant à ‘« inventer’ » deux cartes professionnelles –une pour les journalistes et une ‘« carte de presse’ » pour tous ceux qui travaillent pour et proches des rédactions est irrecevable. Ce serait la mise en place d’un journalisme à deux vitesses niant les qualifications et les métiers, donc la remise en cause du code du travail, de la convention collective et du statut de journaliste, mais aussi la fin de l’unité de la profession. Ce serait en outre un formidable encouragement aux pratiques patronales qui visent à précariser chaque jour davantage la profession en multipliant les personnels hors statut. Le faux débat sur les ‘« vrais’ » et les ‘« faux’ » journaliste, alimenté par les patrons et que M. Sales reprend à son compte, n’est que le prétexte à cette offensive. Ce rapport apparaît d’ailleurs comme uniquement tourné vers la satisfaction des besoins patronaux en matière de formation. Leur objectif est de pouvoir disposer de plus en plus de journalistes directement utilisables pour leurs besoins spécifiques. Ils n’ont que faire des formations généralistes, voire même de formations tout court, préférant former ‘« sur le tas’ » et à bas prix de préférence leurs propres journalistes. Tout en estimant que la profession doit rester ouverte, le SGJ FO rejette cette vision ‘« utilitariste’ » de la formation des journalistes. Il reste pour sa part attaché à une formation généraliste de qualité, comprenant un tronc commun et des spécialisations adaptées aux évolutions techniques de la profession. Le SGJ FO se prononce en outre contre toute remise en cause de la reconnaissance des formations dans le cadre de la convention collective (art.10) que semble suggérer le rapport de M. Sales. Les journalistes FO considèrent que l’agrément et le contrôle paritaire des formations, tout comme la gestion paritaire des écoles, sont le gage d’une formation de qualité dans le respect des principes professionnels. Attachés au paritarisme, les journalistes FO se prononcent contre la création d’un ‘« observatoire des médias’ » qui viendrait en concurrence avec la commission paritaire de l’emploi des journalistes prévue par l’article 18 de la convention collective. Il dénonce à cet égard l’attitude d’une partie du patronat qui a choisi de déserter cet organisme, montrant par là son refus de plus en plus évident du paritarisme. Enfin le SGJ-FO s’oppose au regroupement des écoles existantes en deux ou trois pôles, également préconisé par le rapport qui ne pourrait que favoriser le désengagement du patronat du financement des formations. L’exemple du CFPJ montre qu’une telle réforme pourrait avoir des conséquences désastreuses.