« Un cri de colère » - N°34 - mai 1997

Avec un bulletin de vote, on peut tout dire. Et, dans la France d’aujourd’hui, les journalistes ont beaucoup de choses à dire. A crier, plutôt. Leur cri de colère dénoncera l’information souvent malmenée et conformiste, comme la souhaitent des patrons de presse qui ne parlent plus que de produits, de marketing ou d’Audimat. Leur cri sera le signe du refus de la précarisation d’une profession qui a besoin de plus de liberté et de meilleures conditions de travail pour partir à la reconquête des lecteurs, des auditeurs ou des téléspectateurs qui les fuient chaque année davantage en mettant en cause leur crédibilité. Ils sont les victimes des politiques patronales qui exigent chaque jour davantage de rédactions de plus en plus ‘« saturées’ » et précarisées, soumises aux pressions de la technique et de la rapidité. Le cri de colère des journalistes sera aussi le cri de ceux qui ne peuvent plus rester muets et qui, en luttant pour leur dignité et leur liberté de conscience, veulent refuser le prêt-à-informer imposé par des patrons plus soucieux de leurs profits et des rentrées publicitaires que des lecteurs, auditeurs et téléspectateurs. Aujourd’hui, les journalistes ne peuvent plus se satisfaire des atermoiements ou des accommodements ; il est temps de prendre fait et cause. Et de se révolter. Voter pour les candidats présentés par le SNJ CGT, c’est assurément militer contre une information de plus en plus stéréotypée, pour de meilleures conditions de travail (en particulier pour la réduction du temps de travail à 32 heures sans diminution de salaire) et des salaires revalorisés, mais aussi pour le renforcement d’un statut qui garantisse vraiment leur liberté. Par leur vote, ils signifieront au patronat leur refus d’une presse ‘« politiquement correcte’ » réalisée par des journalistes ‘« politiquement corrects’ », soumis, sans âme et sans illusions. Parce que leur métier est le plus beau du monde, ils doivent quitter les ornières d’une vie professionnelle qui désapprend à se soucier de ceux auxquels ils s’adressent. Avec un bulletin de vote, on peut tout dire. Ceux qui refusent le nivellement des consciences et la dégradation des conditions de travail auront la possibilité de tout dire en choisissant le bulletin SNJ-CGT. En votant pour le SNJ-CGT, les cris des journalistes deviendront si assourdissant qu’il ne sera plus possible de ne pas en tenir compte. Ils diront aussi aux syndicats qui prétendent avoir tout fait, tout réglé, tout obtenu, qu’il n’est plus question de faire semblant. Ils leur signifieront qu’ils veulent s’engager vers une autre conception de l’information et des relations sociales. Ce numéro de Témoins est particulier. Il se veut un reflet des cris des journalistes d’aujourd’hui. Candidats du SNJ-CGT à la commission supérieure, à la commission de la carte d’identité professionnelle, ils vous font partager leurs interrogations, leurs doutes, leurs colères, mais aussi leur engagement dans le combat collectif et leurs luttes au quotidien. Ils sont l’image du SNJ-CGT, c’est-à-dire différents, indépendants, mais déterminés à faire bouger les choses, pour aller vers un monde où l’on prendra encore le temps de réfléchir. Les journalistes ont aujourd’hui le devoir de tout dire, de se défendre face aux agressions multiples qui surgissent de toute part, du pouvoir politique comme des milieux patronaux. Aujourd’hui ils ont encore les moyens de dire ‘« Halte’ » en choisissant le syndicat le plus radical, le SNJ-CGT, dont on sait qu’il est honnête, compétent, le plus déterminé, attentif aux opinions de tous et à la recherche de l’indispensable unité. Aujourd’hui, dans un monde où on tente de brouiller les repères, il faut être radical, car la radicalité, c’est pur. Au-delà de leurs différences, c’est ce qui unit les candidats du SNJ-CGT.