« Pour un journalisme de dignité » - Les documents du SNJ-CGT – avril 2000

Les médias sont au centre de la révolution numérique. Les grands groupes tentent de les concentrer entre leurs mains pour alimenter ce qu’ils appellent la ‘« nouvelle économie’ ». Ils transforment l’information en produit d’appel pour vendre d’autres produits. Les journalistes ont une autre conception de leur métier et de leur mission sociale. Cependant une frange de cette profession, celle qui, souvent, détient le pouvoir dans les rédactions, a prouvé une docilité coupable ; elle a largement contribué à accentuer la perte de crédibilité de tous les journalistes et à renforcer la médiocrité de l’information par ses dérapages et ses bidonnages, bref par ses dérives. Parallèlement, les employeurs précarisent la profession pour la fragiliser. Au nom de la prétendue nécessité de lutter à armes égales avec les groupes étrangers, dans une économie mondialisée. Dans une telle situation, il ne suffit plus de dénoncer les ‘« brebis galeuses’ », il faut s’attaquer aux vraies racines du mal et remettre en cause les règles de fonctionnement de tous les médias. Les journalistes n’ont d’autre alternative que de résister en assumant leur responsabilité, individuelle et collective, et en revendiquant leur dignité. Résister suppose de ne pas se dissimuler derrière une phraséologie déontologique lénifiante, les codes de déontologie ne servant souvent que d’alibi à toutes les démissions, comme le prouve l’exemple de Jean-Marie Messier, patron de Vivendi, qui a embauché des magistrats pour élaborer de telles chartes. Résister suppose lutter au quotidien avec les organisations syndicales, et notamment avec la plus radicale d’entre elles, le SNJ-CGT, pour s’opposer aux politiques patronales multiformes. Celles qui précarisent, qui attentent à notre dignité et à nos conditions de travail, à notre statut, à nos droits d’auteur, etc. Ce recueil n’entend pas apporter des réponses à toutes les questions, ni de recettes toutes faites. Il rassemble des textes visant à susciter le débat dans une profession sinistrée et à élever son niveau d’exigence, à encourager la révolte lucide et collective pour reconquérir des conditions de travail enfin dignes de ce nom au service d’une information libérée des puissances d’argent et répondant aux attentes des citoyens.