« L’aurore d’un nouveau journalisme » - Nouvelle série N°7 – juillet 2001

C’est la crise ! Dans de nombreuses entreprises de presse écrite ou audiovisuelle, on tente d’accréditer l’idée que, décidément, rien ne va plus. Ici, c’est le prix du papier qui augmente ; là, c’est la publicité qui baisse et, au bout du compte, ce sont les salariés qui trinquent. On ne compte plus les entreprises qui annoncent des suppressions d’emplois (terme plus présentable que plan de licenciement) : Canal + et ses filiales canalnumédia, Multithématiques, France-Soir, le portail Vivalaville (filiale de quelques titres de la presse régionale sous la direction du Télégramme de Brest) chez Ediexcel (filiale du groupe Excelsior qui décide d’arrêter M Magazine) dans le pôle Rhône-Alpes du groupe Hersant (Le Progrès), etc. Mais on ne s’arrête pas là : Libération annonce des mesures d’économie et réduit les piges (merci pour les pigistes déjà sous payés) Et comble de la muflerie, le très médiatique Jean-Marie Messier brade son pôle de presse professionnelle au mépris de toutes les règles sociales pour payer le colossal investissement dans l’éditeur scolaire américain Hougthon Mufflin ( et peut-être son loft de luxe à New-York !) Pour ne pas être en reste, Hachette vend Week-End à Chaisemartin et commet des fautes de gestion qui mettent en jeu l’avenir de la prestigieuse agence photographique Gamma. Bref, on continue la litanie (qui a quelque chose de déprimant) ou on lutte ? Le SNJ-CGT dénonce ces nouveaux patrons pour qui l’information n’est qu’une marchandise. Il appelle les journalistes à le rejoindre dans la nécessaire bataille contre leur politique socialement désastreuse pour leur salariés, mais aussi pour le contenu de l’information. La crise n’est pas fatale si les salariés des entreprises d’information, dans l’unité, imitent, avec leurs spécificités, les salariés de Danone, d’AOM Air-Liberté ou de Bata. La presse est aussi touchée par ce qu’on a appelé les licenciements boursiers. Or les citoyens condamnent de telles pratiques. Un mouvement d’ampleur rencontrerait à coup sûr la sympathie du plus grand nombre. La profession de journaliste est placée devant une alternative : ou elle se lève et rejoint le mouvement antilibéral qui ne cesse de grandir, avec les autres catégories et dans l’unité la plus large ou elle est appelée à sombrer dans l’indifférence générale. Au fond avons-nous vraiment le choix ? Le SNJ-CGT, pleinement CGT, est ambitieux. Face aux marchands d’infos, il appelle les journalistes à lutter pour conquérir de nouveaux droits protégeant la profession contre les dérives marchandes et contre l’information spectacle.