L’ŒUVRE Éditée DE JULIO CORTÁZAR, TRADUCTEUR : la chrysalide d’un Écrivain

Au cours de nos recherches, nous avons recensé dix-neuf traductions littéraires éditées dont Julio Cortázar est l’auteur exclusif. Par ailleurs, nous avons retrouvé trois collaborations avec d’autres traducteurs et mis à jour trois pistes restées pour l’heure ouvertes. C’est ce corpus que nous allons étudier en première partie.

Pour ce faire, nous avons choisi de conserver un ordre biographique en présentant ces traductions chronologiquement, par date d’édition (nous préciserons également, lorsque cela sera possible, la date de production). L’œuvre de traduction de Julio Cortázar s’organise en cinq périodes biographiques : la fin des années 30 et le tout début des années 40 en constituent les origines obscures ; entre 1945 et 1947, Cortázar semble tisser par ses traductions la chrysalide d’où sortira l’auteur majeur que nous connaissons. Entre 1949 et 1951, l’activité de traduction semble liée au désir de Cortázar de gagner l’Europe, et c’est pourquoi nous la nommons « s’échapper du cocon ». Si l’on file la même métaphore, on peut dire que la période 1952-1958 constitue à tous égards l’éclosion de l’auteur. Enfin, les dernières traductions se situent entre 1965 et 1983 et semblent dessiner un retour aux sources. Durant chaque période ainsi définie, la traduction occupe une place distincte et ce découpage permet, nous l’espérons, de mettre à jour la dynamique biographique qui les unit.

Pour chaque traduction dont Cortázar est l’auteur exclusif, nous avons choisi de donner en premier lieu toutes les références nécessaires au catalogage de l’ouvrage. Nous essayons ensuite de l’inscrire dans un cadre biographique, en le mettant en perspective avec de nombreux témoignages, lettres ou entrevues ainsi qu’avec les œuvres propres de Cortázar. Nous proposons ensuite une caractérisation du texte original, un peu à la manière d’une fiche de lecture pour une maison d’édition, en présentant un résumé de l’action et en définissant les styles, techniques et implications littéraires qui y sont à l’œuvre. Certaines traductions sont accompagnées d’un appareil critique réalisé par Cortázar (préface, notes de traduction, notes critiques, etc.) : nous nous appliquerons à les analyser, lorsque cela semblera pertinent.

Nous verrons que Cortázar traduit des œuvres du français et de l’anglais. Nous estimons ne pas maîtriser suffisamment cette dernière langue pour faire une bonne analyse des traductions qui en découlent. Pour les œuvres traduites du français, au contraire, nous nous attacherons à produire une critique de la traduction, orientée vers la littérarité des choix du Cortázar-traducteur.

Enfin, pour chaque texte traduit et signé par Cortázar exclusivement, nous essaierons de mettre à jour une série de relations intertextuelles avec ses œuvres propres et en particulier avec Rayuela. Ceci nous amènera à montrer que ces traductions fonctionnent comme un véritable kaléidoscope qui éclaire singulièrement sa production.

En ce qui concerne les collaborations et les pistes restées ouvertes, l’étude sera moins fournie et dépendra surtout des informations que nous avons pu retrouver à ce propos.