Les origines obscures : sur la piste de Leoplán (Traduction, plagiat, écriture)

Dans une lettre de 1939, alors qu’il est professeur dans la petite ville de Chivilcoy, Cortázar écrit :

‘tengo 9 horas [de clase], repartidas en tres años distintos, lo cual significa aprenderse tres geografías (…), corregir trabajos … y traducir. Tú sabes que yo sigo trabajando para Sopena, y que todos los días tengo que pasarme tres o cuatro horas preparando material inglés y francés para esa gente de Leoplán. 17

Une note d’Aurora Bernárdez précise qu’il traduit des textes littéraires du français et de l’anglais pour la revue Leoplán. Toutefois, aucune précision n’est fournie quant aux titres ou aux auteurs traduits. Aurora Bernárdez et Saúl Yurkievich ont été consultés à cette fin, mais ils n’ont pu fournir davantage de précisions.

Nous pensions qu’en consultant la revue Leoplán, le nom de Julio Cortázar (ou le pseudonyme de Julio Denis qu’il utilse à l’époque) apparaîtrait au titre de traducteur. Nous avons donc essayé de localiser cette revue en Europe, grâce aux catalogues Internet de nombreuses bibliothèques ainsi qu’à l’aide de Mme Mona Huerta de l’IHEAL. Ceci n’a hélas rien donné et nous avons finalement dû effectuer un voyage de recherches à Buenos Aires. Nous avons pu consulter la collection complète de cette revue à la Biblioteca Nacional de la República Argentina 18 . Leoplán a pour sous-titre Magazine popular argentino, pour directeurs Ramón Sopena et José Blaya Lozanoet paraît tous les quinze jours le mercredi, à partir de décembre 1934, sous le sceau des éditions Sopena. Elle mesure 29 cm par 22 cm pour environ 160 pages (le nombre n’est pas fixe) et porte en couverture un dessin qui généralement est en rapport avec le roman édité dans ce numéro. On compte sept rubriques : « Una novela completa » ; « Artículos y crónicas » ; « Selección de cuentos » ; « Notas gráficas » ; « Variedades » ; « Historietas y chistes » et « Secciones fijas ». Malgré l’ordre apparent, ces rubriques sont en réalité mélangées au fil des pages, et on trouve par exemple un dessin humoristique inséré dans une page de roman au ton tout à fait tragique. Chaque page porte d’ailleurs son lot d’illustrations (photos, dessins, réclames…) ; les textes sont souvent entrecoupés et il faut suivre des renvois parfois répétés pour finir la lecture.

Aucun nom de traducteur n’apparaît dans la revue, ni pour les romans ni pour les nouvelles, de sorte qu’il est impossible de repérer les textes traduits par Cortázar. Nous avons essayé de retrouver à Buenos Aires les archives de la maison d’édition Sopena, mais sans succès : elles semblent avoir été détruites ou perdues après la vente du nom « Sopena » à une autre maison 19 .

Contentons-nous donc pour l’heure de fournir une liste des romans ou des textes longs parus dans Leoplán entre 1938 et 1940, période à laquelle nous estimons que Cortázar a pu participer à cette publication 20 . En raison de sa longueur, cette liste est versée dans la partie « Annexes » de ce travail 21 .

Il faut d’abord remarquer la diversité et la qualité des titres publiés dans Leoplán ; nous avons-là, semble-t-il, une très bonne esquisse de sociologie de la lecture populaire en Argentine. Il est vraiment notable qu’un magazine à grand tirage, comparable en France et à l’époque à L’Illustration ou à Match, propose des textes de littérature classique, comme El burlador de Sevilla ou El alcalde de Zalamea, ainsi que des auteurs comme Alfred de Vigny ou Tchékov qui ne semblent pas être en France le propre d’une lecture populaire. Un petit témoignage de Roberto Tait, de Mar del Plata, recueilli sur Internet nous aide à évaluer ce que Leoplán représentait pour le public :

‘Mi padre (nacido en 1920) me contaba que en su adolescencia esperaba con fruición la llegada (…) de la revista Leoplán, que en esa época era famosísima. En ese entonces mi padre vivía en Banfield, Provincia de Buenos Aires 22 .’

Ceci nous apprend que, outre le médium d’une lecture de plaisir, ce magazine était un outil de diffusion culturelle important (Banfield, si l’on en croit les témoignages de Cortázar n’était pas précisément foisonnant de culture).

On peut a priori distinguer deux types d’ouvrages publiés dans la rubrique « Una novela completa » : d’une part des auteurs écrivant ce qu’il est convenu d’appeler de la « grande littérature » et d’autre part, des romans policiers ou d’aventure plus proches de la littérature populaire, avec des auteurs comme S.S. Van Dine, Ellery Queen ou Anthony Abbot.

Dans un article de Omar Borré, on trouve cette information complémentaire :

‘La revista [Leoplán] publicaba novelas clásicas y modernas en excelentes traducciones que luego la editorial Sopena editaba en pequeños tomos 23

En effet, dès septembre 1938 24 , les éditions Sopena ont commencé à publier les titres de « grande littérature » séparément, et principalement semble-t-il dans la collection « Biblioteca Mundial Sopena » 25 .

Il faut imaginer que ce principe de la double publication permettait à l’éditeur Ramón Sopena de mieux rentabiliser les coûts d’achat des droits d’auteurs ainsi que ceux liés à la traduction. Cette double publication explique certainement la précision de Cortázar, lorsqu’il écrit en 1939 qu’il travaille à la fois pour Leoplán et pour Sopena.

Nous voici donc à présent avec une seconde source qui nous permet d’établir des recoupements avec la liste précédente. Et cette fois, le nom du traducteur apparaît bien, à la cinquième page de l’ouvrage.

Il semble cependant que Sopena n’ait repris que les romans de « grande littérature » dans la collection « Biblioteca Mundial ». En effet, en Argentine 26 , nous n’avons trouvé dans cette collection aucune trace des romans policiers ni aucune anthologie de nouvelles qui pourraient correspondre à la section « Selección de Cuentos » de Leoplán. Ceci signifie que si Cortázar a traduit pour Leoplán des contes ou des romans populaires, il y a de fortes chances pour qu’on ne puisse pas arriver à savoir de quels textes il s’agit et qu’ils soient donc perdus, à moins qu’ils n’aient été repris dans une autre collection dont nous n’avons pas encore eu connaissance.

Afin de retrouver le ou les romans traduits par Cortázar et édités à part par Sopena, nous avons mené diverses recherches : la revue Biblos 27 , qui émane de la Cámara argentina del Libro, possède une section intitulée « Bibliografía » où apparaissent généralement les noms des traducteurs : elle ne mentionne aucune traduction réalisée à cette période par Julio Cortázar, ni par Julio Denis ou Morton Heinz (les deux pseudonymes utilisés par Cortázar à cette époque) 28 . Nous avons également demandé à la Dirección Nacional del Derecho de Autor une recherche des traductions littéraires réalisées par Julio Cortázar ou Julio Denis à partir de 1937 : les résultats n’ont pas été satisfaisants 29 . Par ailleurs, nous avons consulté l’Index translationum, où l’Unesco recense année par année les traductions littéraires parues dans chaque pays du monde : pour ces années-là, les traductions publiées en Argentine ne sont pas encore relevées.

Nous avons enfin essayé de procéder par élimination à partir de la liste précédente, en écartant d’abord les romans écrits en langue espagnole. Nous avons ensuite retranché ceux dont la langue originale n’est ni le français ni l’anglais, puisque Cortázar ne traduisait que ces deux langues 30 . En outre, à chaque fois que nous avons pu localiser des exemplaires de la collection « Biblioteca mundial » de Sopena, nous en avons en noté les références 31 , ce qui permet d’établir des recoupements lorsque le traducteur n’est pas Cortázar. De ceci, découle la liste suivante, encore longue mais qui s’affinera sans doute au fil des recherches à venir. Elle correspond donc à des textes traduits de l’anglais et du français et parus dans Leoplán entre 1938 et 1940. Parmi eux se trouve probablement une ou plusieurs traductions de Cortázar.

AUTEUR TITRE DATE
Abbot, Anthony El misterio de Geraldine 122 13 septembre 39
Aicard, Jean Papá Lebonnard 97 28 septembre 38
Barbusse, Henri El Fuego 112 26 avril 39
Bourget, Paul El sentido de la Muerte 85 12 avril 38
Dumas, Alejandro El hijo del presidiario 129 20 décembre 39
Dumas, Alejandro El tulipán negro 117 5 juillet 39
Dumas, Alejandro (padre) Una noche en Florencia 90 22 juin 38
Dumas, Alejandro (Padre) La Mano del muerto (suite de Conde de Montecristo) 101 23 novembre 38
Gray, Berkeley En su propia trampa 137 10 avril 40
Harrison, Charles Yale Los generales mueren en la cama 124 11 octobre 39
Hugo, Víctor El jorobado de Notre Dame 79 19 janvier 38 
London, Jack Los tres vagabundos 153 20 novembre 40
London, Jack La estupenda Bestia 98 12 octobre 38
London, Jack Aventuras en las Islas Salomón 115 7 juin 39
London, Jack El ídolo rojo 134 28 février 40
London, Jack Chun-Ah-Chun 142 19 juin 40
Loti, Pierre Las desencantadas 111 12 avril 39
Mason, A.E.W. Las cuatro plumas 127 22 novembre 39
Maupassant, Guy de Bola de Sebo 96 14 septembre 38
Montepin, Xavier de El coche n°13 107 15 février 39
Moreira, John Las tres esmeraldas 82 2 mars 38
Mouezy-Eon y Armant El club de los suicidas 98 12 octobre 38
Oppenheim, E. Phillips Historia de un agente secreto 87 11 mai 38
Poe, Edgar Allan El escarabajo de oro 95 31 août 38
Poe, Edgar Allan La máscara de la muerte roja 166 21 mai 41
Queen, Elery El Misterio de la Cruz egipcia 84 30 mars 38
Queen, Ellery El misterio del zapato blanco 145 31 juillet 40
Queen, Ellery El misterio de los hermanos siameses 148 11 septembre 40
Queen, Ellery El misterio del granero 154 4 décembre 40
Sand, Jorge Indiana 83 16 mars 38
Shannon, Robert Therry El crimen del cinematógrafo 166 21 mai 41
Sue, Eugenio El Marqués de Letorière 93 3 août 38
Van Dine La serie sangrienta 100 9 novembre 38
Van Dine, S.S. El caso de las esmeraldas 140 22 mai 40
Van Dine, S.S. Los crímenes del « Obispo » 114 24 mai 39
Van Dine, S.S. El crimen del casino 152 6 novembre 40
Vigny, Alfred de Una conjuración en el reinado de Luis XIII (Cinq-mars) 119 2 août 39
Williams, Ben Ames El misterio de las tres casas 126 8 novembre 39

En outre, nous savons, grâce à une liste de titres imprimée en quatrième de couverture de certains exemplaires en notre possession, que El tulipán negro et Conde de Montecristo de Dumas ont été publiés dans la Biblioteca Mundial. Ce dernier a été édité en deux volumes : le second serait-il la suite du Conde de Montecristo, c’est-à-dire La Mano del muerto ? Si nous arrivions à retrouver ces livres, nous pourrions effectuer de nouveaux recoupements. D’autre part, si nous arrivions à nous procurer Historias extraordinarias d’Edgar Poe (traduction A. Jiménez Orderiz, Biblioteca Mundial Sopena, 1940), nous saurions s’il contient bien « El escarabajo de oro » et « La máscara de la muerte roja », que nous pourrions alors ôter de cette liste.

Il faut enfin souligner que nous avons trouvé quatre livres de la « Biblioteca Mundial Sopena » qui ont attiré notre attention. Le premier est Ivanhoe de Walter Scott, paru dans cette collection en septembre 1938 et sans aucune indication concernant le traducteur. Or, on sait que Cortázar connaît l’ouvrage, puisqu’il écrit dans Imagen de John Keats, p. 34 :

‘Entonces, como de acuerdo, entre 1770 y 1800 nacen los enfants terribles. Wordsworth/ Scott (sí claro, el de Ivanhoe  !)/ Coleridge (…). 32

Toutefois, rien ne prouve qu’il l’ait traduit : il peut fort bien n’en avoir été que lecteur. Quant aux trois autres ouvrages remarquables, il s’agit de La Vuelta al mundo en ochenta días de Jules Verne, paru en septembre 1938 et traduit par Eduardo Jonquières, ainsi que de Fragmento de un diario íntimo de Henri Frederik Amiel, paru en deux tomes en septembre 1941 et traduit par Francisco Reta. Ce dernier traduit également Nuestra señora de París de Victor Hugo, qui paraît en 1940. Ces trois derniers livres sont intéressants car ils sont traduits par deux amis intimes de Cortázar qui étaient élèves avec lui à l’École Normale Mariano Acosta. Ceci recoupe une information recueillie auprès de Aurora Bernárdez : il semble que ce soit Vicente Fattone, un ancien professeur de Cortázar au Mariano Acosta, qui l’ait mis en contact avec les éditions Sopena, afin de traduire pour la revue Leoplán. Ce petit groupe d’amis très proches traduisait donc de concert pour la même revue. Francisco Reta est décédé en novembre 1942, à l’age de 28 ans ; aussi est-il touchant d’avoir retrouvé un témoignage de la vie si courte d’un ami de Cortázar, ami qui lui fit cruellement défaut des années durant 33 .

Nous ne pouvons pas arriver, avec cette méthode de recoupement et dans l’état actuel de nos recherches, à retrouver les traductions littéraires réalisées par Julio Cortázar pour Leoplán et Sopena. Essayons donc de changer d’approche.

Dans Obra Crítica 2, on trouve un texte critique de 1950, intitulé « Situación de la novela ». Pages 237-239, Cortázar fait un éloge soutenu des « tough writers » (James Cain, Dashiell Hamett, Raymond Chandler, Arthur Conan Doyle et S.S. Van Dine) pour leur usage du « slang », de l’argot qui leur permet de réagir face au langage conventionnel du roman psychologique. C’est cette notion de « slang » qui nous a conduit aux déductions suivantes. On la trouvait en effet déjà dans cette lettre :

‘¿Sabe que mi experiencia de “slang” acumulada en mis tiempos de traductor, es valiosísima para leer a Steinbeck, al gran Faulkner y a Richard Wright? 34  ’

Cette lettre signée Julio Denis est datée du 25 août 1941 : ce passé de traducteur fait donc forcément référence à l’expérience de Leoplán et de Sopena. Il faut donc chercher dans ce sens : il semble donc envisageable que Cortázar y ait traduit des textes de l’anglais, et plus particulièrement des « tough writers » (écrivains durs), dans la ligne de ceux cités dans « Situación de la novela ». En recoupant les noms cités avec les parutions de Leoplán pour la période qui nous intéresse, nous retrouvons plusieurs fois le nom de S. S. Van Dine. Par ailleurs, il faut rappeler que, dans ces années-là, Cortázar et Reta rédigent conjointement une bibliographie sur la littérature policière sous le nom de Morton Heinz, et l’on sait que Van Dine apparaissait justement dans cette bibliographie 35 . Nous avons donc parcouru les traductions de Van Dine parues dans Leoplán entre 1938 et 1941.

Il faut écarter définitivement El caso de las esmeraldas (n°140, 22 mai 1940) car il est bien trop mal traduit : les dialogues sont ridicules, incroyables ; personne ne peut parler comme cela. Or Cortázar, même à 26 ans, a bien trop le sens du style pour commettre de telles erreurs 36 . Par contre, La serie sangrienta (n°100, 9 novembre 39) 37 , un court roman policier, propose une grande fluidité à la lecture, des dialogues qui coulent et une attention certaine à la ponctuation. Ce texte ne « sent » pas la traduction et rappelle très fortement le style de El Hombre que sabía demasiado (Chesterton, traduit par Cortázar en 1946). Toutefois, ces caractéristiques ne sont-elles pas seulement celles d’une bonne traduction ? Est-il possible d’en conclure qu’il s’agit d’un travail de Cortázar ? Il faudrait pouvoir recouper cela avec une publication à part de Sopena.

Dans Los crímenes del Obispo (n° 114, 24 mai 1939), on retrouve une bonne traduction, avec toutefois, par rapport à La serie sangrienta, un style plus franchement oral dans les dialogues et un choix de traducteur différent du précédent pour rendre le « you » anglais : ici les personnages principaux, Markham et Vance, se tutoient. Il semble donc possible que ce soit l’œuvre d’un autre traducteur 38 . Au contraire, la traduction intitulée El crimen del casino (n°152, 6 novembre 40), ne paraît pas aussi lisse que les deux précédentes. Les deux personnages se vouvoient de nouveau.

On le voit, cette méthode permet d’avoir des présomptions sur les traductions qu’aurait pu réaliser Cortázar, mais elle ne permet en aucun cas d’obtenir de certitude. Ne pouvant arriver à plus de précision, nous laissons ouvert ce problème d’une éventuelle collaboration de Julio Cortázar en tant que traducteur de Van Dine pour Leoplán.

Toutefois, même si nous ne savons pas quels sont les textes qu’il a traduits, nous n’en avons pas moins un témoignage direct de Cortázar sur son activité de traducteur littéraire à cette période. 39

Examinons donc à présent ce « passé de traducteur » de Cortázar sous l’angle intertextuel. Entre 1937 et 1939, il écrit plusieurs contes fantastiques qui formeront ensuite la première partie de La otra orilla, recueil que Cortázar n’a pas publié de son vivant, bien qu’il soit terminé dès 1945. Or, le titre de cette première partie est éloquent, à la lumière de ce que nous venons d’étudier : il s’agit de « Plagios y traducciones » 40 . Symboliquement, il apparaît donc que les premiers récits connus de Cortázar naissent de la pratique de la traduction littéraire : en effet le titre de la partie semble suggérer que de la traduction, il est passé au plagiat, avant d’atteindre une écriture autonome. Ainsi, les personnages des premiers contes portent tous des noms aux consonances étrangères (Cary, Margie et Plack dans « Las manos que crecen » par exemple), comme ce serait le cas dans une traduction. Ces récits se présentent donc comme de pseudo-traductions, un peu dans l’esprit d’un Boris Vian avec J’irai cracher sur vos tombes 41 . Cette entrée dans la fiction, autant que dans l’écriture, nous invite à considérer la traduction chez Cortázar comme le berceau de l’écriture, sa chrysalide et son laboratoire.

Notes
17.

Cartas, p. 40.  « J’ai neuf heures [de cours], sur trois niveaux différents, ce qui veut dire me farcir trois géographies (…), corriger des copies… et traduire. Tu sais, toi, que je travaille toujours pour Sopena et que je dois passer tous les jours trois ou quatre heures à préparer du matériel anglais et français pour ces gens de Leoplán. » (Trad. S.P.)

18.

Section Hémérothèque, sous la côte L 20 2 09.

19.

Informations recueillies auprès du gérant des actuelles éditions Sopena, à Buenos Aires (Masa, 2138).

20.

Si Cortázar affirme en 1939 continuer à traduire pour Leoplán, il faut supposer qu’il a pu y collaborer en 1938. De plus, la lettre qui porte cette information n’a qu’une date très sommaire : « 1939 » ; s’il a traduit à la fin de cette année, le texte a parfaitement pu paraître en 1940.

21.

Voir annexe n°1.

22.

« Mon père (né en 1920) me racontait que, dans son adolescence, il attendait avec avidité la sortie (…) de la revue Leoplán, qui à cette époque était extrêmement célèbre. Mon père vivait alors à Banfield, dans la province de Buenos Aires. » (Trad. S. P.)

23.

Omar Borré : « Autobiografías en el Río de la Plata », p. 71, in Hispamérica n°73, Gaithersburg, 1996. « La revue [Leoplán] publiait des romans classiques et modernes dans d’excellentes traductions, que les éditions Sopena éditaient ensuite en petits livres. » (Trad. S.P.)

24.

Voir Leoplán n° 96 (14 septembre 38), p.106 où le début de publication de la « Biblioteca Mundial Sopena » est annoncé.

25.

Il s’agit bien des mêmes traductions : nous avons comparé les deux éditions de La vuelta al mundo en 80 días de Verne (Leoplán n°113 –10 mai 39– et Biblioteca Mundial Sopena, septembre 1938). Seules certaines notes ont été omises dans Leoplán.

26.

Recherches menées dans les trois bibliothèques nationales de Buenos Aires, dans les catalogues des bibliothèques municipales et universitaires, ainsi que chez un grand nombre de bouquinistes.

27.

Le premier numéro de Biblos paraît en juin 1941. La section « Bibliografía » est annoncée comme suit : « En esta sección, Biblos irá dejando constancia, con todas sus señas, de las obras que se le remitan, las que quedarán incorporadas a la Biblioteca Social de la Cámara del Libro. » (« Dans cette section, Biblos recensera, avec toutes les références, les œuvres qu’on lui enverra. Elles s’incorporeront ensuite à la Bibliothèque Sociale de la Cámara argentina del Libro. » Trad. S.P.). Dans les premiers numéros, Biblos remonte dans le temps et annonce certains livres édités avant 1941, les plus anciens étant de 1938.

28.

« Morton Heinz » a été utilisé par Cortázar et Francisco Reta pour une bibliographie du genre policier qui n’a pas été publiée. Voir en cela R. Pellicer : « Julio Cortázar y el género policíaco », Julio Cortázar, de tous les côtés, La Licorne n°60 (2002)

29.

Ce service dépend du ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, et siège à Buenos Aires (Talcahuano 618) ; il s’agit d’un registre national qui compile tous les dépôts de droits d’auteur du pays. La recherche, menée par le docteur García Holgado, n’a donné que trois résultats entre 1937 et nos jours : Memorias de Adriano de Yourcenar, La Filosofía de Sartre y el psicoanálisis existencialista de Stern, ainsi que Robinson Crusoe de Defoe.

30.

Nous excluons la possibilité de la traduction « en cascade » (par exemple Tolstoï traduit en espagnol à partir de la traduction française), puisque toutes les traductions de la « Biblioteca Mundial Sopena » que nous avons consultées portent les mentions « traducción directa » et « texto íntegro, de acuerdo con el original » (« traduction directe » et « texte intégral, correspondant à l’original »).

31.

Nous versons cette liste à la partie « Annexes » de cette thèse car nous avons constaté qu’il n’existait pas à notre connaissance de catalogue de cette collection et il se peut qu’elle soit utile à d’autres chercheurs. Voir annexe n°2.

32.

C’est moi qui souligne. « Alors, comme de concert, entre 1770 et 1800 naissent les enfants terribles. Wordsworth/ Scott (mais oui, celui d’ Ivanhoe  !)/ Coleridge (…). » (Trad. S.P.)

33.

Voir Cartas, p. 1013.

34.

Cartas, page 112, en date du 25 août 41. « Savez-vous que l’expérience de l’argot anglais accumulée dans mon passé de traducteur, m’est très utile pour lire Steinbeck, le grand Faulkner et Richard Wright ? » (Trad. S. P.)

35.

Voir R. Pellicer, ibid.

36.

Voir en cela la maîtrise stylistique de Presencia par exemple.

37.

Résumé : le héros récurent de Van Dine, Philo Vance, démêle une sombre affaire de crimes en série commis dans une même riche famille new-yorkaise, les Greene. Ils meurent tous un à un de la main d’une de leur demi-sœur Ada, une jeune femme avide de s’accaparer la fortune léguée par le patriarche. La nouvelle est agréable à lire et bien menée, même si elle ne transcende pas le genre policier. Ici, il est fait un très bon usage du code « détective » et le lecteur prend plaisir à cette histoire, mais il n’en sort nullement « grandi » (pas de catharsis morale, par exemple). Toutefois, on ne remarque pas à la traduction un usage particulièrement notable de l’argot ; au contraire, il y a des euphémismes comme : « un formidable juramento brotó de sus labios » (« il lança un abominable juron »). Il est à noter que Markham et Vance se vouvoient.

38.

Il est à noter qu’il s’agit chronologiquement du cas immédiatement postérieur à La serie sangrienta, car il y est fait allusion au début (de manière erronée d’ailleurs : on parle du double meurtre d’Ada et de Julia, alors qu’il s’agit en fait d’un quadruple assassinat perpétré par Ada, ce qui confirme l’hypothèse que le traducteur n’est pas le même, sans quoi, il n’aurait sans doute pas laissé passer cette erreur).

39.

Voir en cela la lettre de 1939 précédemment citée.

40.

« Plagiats et traductions ». Cette partie contient les nouvelles suivantes : « El hijo del vampiro », « Las manos que crecen », « Llama el teléfono, Delia », « Profunda siesta de Remi » et « Puzzle ». Tous ces textes sont datés : ils ont été produits entre 1937 et 1939 ; ils correspondent donc à la période de Leoplán.

41.

« Notre jeune auteur [Vian] fait alors le pari d’un jeu suprême, joyeuse mystification et canular triomphal : écrire lui-même un roman noir amerlaud et faire croire qu’il n’en est que le traducteur » (G. Pestureau, in B. Vian : Romans, Nouvelles, Œuvres diverses, La Pochothèque, 1991, p. 789). Le livre paraîtra avec le pseudonyme de Vernon Sullivan.