The life and strange surprising adventures of Robinson Crusoe of York, Mariner, written by himself de Daniel Defoe paraît traduit en espagnol dans la splendide édition de Viau en 1945, à Buenos Aires, sous le titre Vida y extrañas y sorprendentes aventuras de Robinson Crusoe, Marinero de York, escritas por él mismo. Elle comporte des illustrations de Carybé et l’édition est en charge de Jorge d’Urbano Viau. Le livre est de grand format, mais nous ne pouvons en donner une description exacte, puisque nous n’en possédons que des photocopies. Il compte 395 pages où l’on peut lire les deux parties de cette oeuvre (ce qui n’était pas commun à l’époque). Le livre est achevé d’imprimer le 30 octobre 1945. Il porte la mention : « ‘Nueva versión al idioma castellano por Julio F. Cortázar’ ». On peut encore remarquer que Cortázar rédige six notes de traducteur sur l’ensemble de l’ouvrage 44 .
Cette traduction paraît alors que Cortázar est en poste à l’Université de Cuyo, à Mendoza, mais il la réalise en réalité à la période de Chivilcoy : il commence le travail le 18 février 1944 et le termine fin mars 45 . Il réalise donc ce gros travail de quatre cents pages en un mois et demi…
Même s’il n’habite plus Buenos Aires, il est néanmoins très proche depuis de nombreuses années de la librairie Viau, qui se trouve sur la rue Florida. En effet, on trouve de nombreuses références à cela dans Cartas.La première, page 99, date de 1940 : Cortázar recommande « chaudement » la librairie Viau à Mercedes Arias ; il connaît les prix exacts et le stock dont dispose la librairie. Il a « des amis » chez Viau, à qui il conseille de réaliser un échange avec des revues mexicaines, colombiennes et vénézuéliennes. Viau accepte la proposition ; il a donc un poids dans les choix de cette maison dès 1940. Une lettre de 1941, pages 108 à 111 de Cartas, constitue un vrai panégyrique de la librairie ; on apprend qu’il rencontre des amis chez Viau, et l’on a même une liste de ses derniers achats 46 . Il avoue acheter presque tous ses livres dans cette librairie et parle de son « amitié envers les gens de cette maison ». On y trouve d’ailleurs des exemplaires de la revue Huella, n° 1, où paraît son essai intitulé « Rimbaud ». En 1941, on sait que Viau est déjà une maison d’édition, puisque Eduardo Jonquières, un autre ami d’enfance de Cortázar qui avait aussi travaillé comme traducteur pour Sopena, y publie en août La sombra (p.114-115). C’est également chez Viau qu’il rencontre en 1944 la personne qui lui propose le poste à Mendoza.
Il faut encore préciser que Jorge d’Urbano, le grand ami que Cortázar dit « avoir connu presque enfant » 47 , est en réalité Jorge d’Urbano Viau, le neveu de Domingo Viau qui possède cette librairie. C’est aussi lui qui est en charge de l’édition de Robinson Crusoe. On peut donc supposer que ce travail de traduction n’obéit pas pour Cortázar à de simples nécessités pécuniaires.
Jetons enfin un regard au catalogue des publications de Viau à cette époque : il faut remarquer que cette librairie publie un grand nombre d’œuvres en français, sans traduction en espagnol, ce qui représente une véritable audace, nous semble-t-il. Les ouvrages publiés 48 ressemblent d’ailleurs fort aux goûts de Cortázar :
Que Cortázar ait influencé les choix de publication de la maison Viau ou que ce soit lui qui ait été influencé par ces livres qui étaient facilement à sa disposition, on ne peut que remarquer la coïncidence entre ce catalogue et les goûts de notre auteur.
On trouve aussi certaines informations sur le déroulement de la traduction de Robinson Crusoe p. 160 de Cartas. On remarque d’abord ici l’importance du souvenir de lecture pour la traduction du texte :
‘está siempre el recuerdo inolvidable de la infancia, cuando los episodios de la isla nos llenaban la mente de fantasías, cuando junto a Robinson mirábamos la huella del pie en la arena, espiábamos a los canibales, salvábamos al buen Viernes... Le aseguro que he pasado buenos ratos intentando la traducción del viejo relato. 49 ’Cortázar a lu ce texte étant enfant et il semble vouloir reproduire dans sa traduction l’effet ressenti alors. Traduire, c’est donc bien avant tout penser au lecteur et penser en lecteur. Outre cela, on remarque aussi une évaluation critique du style de Defoe par le Cortázar adulte :
‘cierto que Defoe escribía muy mal, que su personaje tiene los peores rasgos del británico (y algunos de los mejores, pero menos de lo que yo hubiese querido) y que largos capítulos resultan ahora aburridos y harto pesados. 50 ’La traduction est donc un poste d’observation unique des techniques littéraires : il faut les lire, les comprendre, les peser et tenter de les recréer au plus juste.
Nous connaissons bien la trame de Robinson Crusoe, ou du moins celle de la première partie, grâce aux nombreuses « robinsonnades » qui l’ont suivi. Toutefois, en lisant le texte de Defoe à l’âge adulte, on est surpris par la conception esclavagiste du protagoniste, par son intolérance religieuse qui devient parfois aveugle et destructrice 51 et par un comportement assez mégalomane et très moralisateur face à l’étranger, face à ce qui est autre. Le texte a donc vieilli en maints aspects et ces considérations parasitent souvent la lecture actuelle et adulte de cet ouvrage.
Mais concentrons-nous pour l’heure sur une caractérisation plus objective. Il s’agit bien évidemment d’un roman d’aventures qui se subdivise en deux parties. La première rapporte les débuts du jeune Robinson, qui s’embarque comme marin contre le gré de ses parents. Après un premier naufrage, il travaille sur un deuxième navire et est fait prisonnier par les Maures, qui le séquestrent quelques années. Il réussit à s’enfuir et rencontre un capitaine portugais qui le sauve et l’emmène au Brésil, où il installe une plantation. La production est bonne, mais les propriétaires manquent de main d’œuvre ; ils affrètent donc un bateau qui, sous les ordres de Robinson, doit aller capturer des esclaves sur la côte africaine afin d’en faire le trafic. Ce bateau naufrage et Robinson, seul survivant, échoue sur les rives d’une île déserte. Ici commence le « huis-clos » de Robinson sur l’île, qui occupe quasiment tout le reste de la première partie. Nous assistons, au travers notamment de son journal, à sa laborieuse installation, puis à la découverte de l’île et de ses ressources et enfin à sa conversion au protestantisme. Un jour, Robinson découvre sur une plage où il ne va jamais, les restes d’un « barbare festin » : à cet endroit, se rendent périodiquement des indiens cannibales, venus d’îles voisines. Il sauve un prisonnier de sa mort prochaine, en assassinant ses poursuivants. Il nomme ce dernier Vendredi et en fait son esclave. Nous assistons alors à « l’éducation » toute idéologique de Vendredi, sur laquelle nous reviendrons ensuite. Lors d’une autre réunion de cannibales, des années après, Robinson sauve un Espagnol et un indigène, qui s’avère être le père de Vendredi. L’Espagnol reconnaît en Robinson son « suzerain » et son sauveur, et lui raconte son histoire. Un canoë est construit et l’Espagnol retourne au village, accompagné du père de Vendredi, pour ramener une petite colonie de ses compatriotes sur l’île de Robinson, non sans avoir auparavant promis d’obéir à la loi de ce dernier et de mourir pour lui s’il le fallait. Pendant leur absence, un autre groupe d’hommes débarque sur l’île : des mutins anglais qui retiennent prisonnier leur capitaine. Grâce à l’aide de Robinson et de Vendredi, il réussit à s’échapper et à reconquérir le commandement du bateau. Quelques mutins anglais sont laissés sur l’île et Robinson repart sur le navire, sans avoir de scrupule à abandonner les espagnols qui sont sur le point de revenir sur l’île. Tout au contraire, il laisse des instructions pour gérer la colonie que formeront dès lors les espagnols et les anglais restés sur place ; il se garde d’ailleurs l’entière souveraineté sur le territoire et sur ses « sujets ». De retour en Europe, Robinson devient très riche. Au pays, il se marie « très avantageusement », selon l’expression de Defoe, et c’est ainsi que se clôt la première partie.
Dans la seconde partie, Robinson regrette son île et l’aventure ; il finit par s’embarquer sur le navire de son neveu afin d’apporter aux colons toutes sortes de provisions et d’outils. Une fois sur place, il écoute le récit de l’espagnol sur les années écoulées depuis son départ : les mutins anglais ont manqué de respect envers les espagnols et ont même tenté de les tuer, ce qui a conduit à la séparation des colons en deux groupes. Des années plus tard, les anglais se rendent dans une île proche, d’où ils ramènent plusieurs esclaves et trois femmes. L’île est ensuite attaquée par des indiens : ils découvrent leurs habitations et les détruisent. La solidarité se restaure pour vaincre l’ennemi extérieur. Une petite colonie d’indiens soumis se forme finalement à l’autre bout de l’île. Robinson revient donc sur l’île et se comporte en véritable souverain : il rend la justice, procède au partage des terres et des provisions qu’il a amenées et marie même officiellement les couples de fait. Il est important de remarquer que Robinson ne compte absolument pas ramener avec lui les habitants de l’île : il décide de leur sort et les « condamne » à y vivre ; il amène même des colons supplémentaires. Il reste en tout et pour tout vingt jours sur place, puis repart vers de nouvelles aventures. Ces dernières le conduiront à Madagascar, en Chine puis en Russie : à chaque fois Robinson fait de juteuses affaires et se pose en juge universel des coutumes locales. Robinson revient finalement en Angleterre, riche à souhait et toujours aussi imbu de sa culture et de sa personne.
Il convient à présent de s’arrêter un instant sur le style de Defoe, qui selon Cortázar « écrivait très mal » 52 : le récit est toujours basé sur l’annonce de la suite et donc sur l’anticipation, ce qui gomme tout effet d’attente ou de surprise. Il est de plus entièrement focalisé sur Robinson, univocité de point de vue qui entraîne une certaine platitude. Le récit est aussi le reflet d’une idéologie sociale et « géopolitique » très marquée : ceci coupe plutôt le plaisir de la lecture, mais en fait un témoignage sociologique et historique digne d’intérêt. En somme, la qualité de l’ouvrage repose presque exclusivement sur la force de l’histoire racontée, sur son caractère extra-ordinaire et merveilleux (au sens étymologique) : les aventures de Robinson sont réellement étonnantes.
Le rapport intertextuel entre la traduction par Cortázar du Robinson Crusoe de Defoe et la pièce radiophonique intitulée Adiós Robinson que notre auteur écrit dans les années 1970, est évident. La pièce reprend les mêmes personnages et leur histoire commune dans l’île, en y faisant revenir Robinson et Vendredi quelques trois siècles plus tard. L’île est devenue un pays et une ville comme les autres, pleine de buildings et d’interdits. Ceci est en somme une suite historique de l’aventure de Robinson : c’est la prise de conscience par le colonisateur de l’erreur qu’il a commise en imposant un modèle de développement unique aux peuples colonisés, modèle qui, au lieu de conduire au bonheur collectif, a entraîné le malheur et la solitude de la vie occidentale moderne.
On peut donc concevoir avec Gérard Genette 53 que Robinson Crusoe est l’hypotexte de Adiós Robinson (qui en sera donc l’hypertexte) et que cet hypertexte se construit ici sur une relation de transformation, puisque Adiós Robinson raconte une toute autre histoire que Robinson Crusoe (à la différence des nombreuses robinsonades, qui, elles, ne la transforment pas). Genette ajoute que, pour qu’il y ait transformation, il faut nécessairement qu’il y ait imitation, c’est-à-dire que l’auteur de l’hypertexte (ici, Cortázar) maîtrise l’hypotexte (ici, le texte de Defoe). Voyons ceci dans un exemple. La traduction du texte de Defoe disait :
‘Por fin apoyó la cabeza contra el suelo junto a mi pie, y volvió a levantar mi otro pie y colocárselo encima, tras lo cual hizo todos los ademanes posibles de sumisión y servidumbre para darme a entender que sería mi esclavo por siempre. Comprendí bastante todo esto, y traté de demostrarle que me sentía muy contento con él. Poco después empecé a hablarle, a fin de que aprendiera a contestarme poco a poco. Ante todo le hice saber que su nombre era Viernes, ya que en este día lo salvé de la muerte y me pareció adecuado nombrarle así. A continuación le enseñé que me llamara amo y a que contestara sí o no, precisándole la significación de ambas cosas. 54 ’Le texte de Cortázar, quant à lui, reprend cet épisode en en faisant un ressort dramatique pour figurer la relation colonisateur-colonisé :
‘VIERNES : – (…) Pero si hiciste maravillas, acuérdate cuando me cosiste unos pantalones para que no siguiera desnudo, cuando me enseñaste las primeras palabras en inglés, la palabra amo (risita), las palabras sí y no, la palabra Dios, todo eso que cuenta tan bien el libro…’ ‘ROBINSON : –Qué quieres, todo eso había que hacerlo para arrancarte de tu condición de salvaje, y no me arrepiento de nada. (…) me equivoqué contigo cuando pretendí hacerte entrar en la historia, la nuestra por supuesto, la de la gran Albión, etcétera (Ríe irónicamente). Y lo peor es que hasta ahora me parecía bien, te imaginaba identificado con nuestro modelo de vida, hasta que llegamos de nuevo aquí, y tú empezaste a tener este tic nervioso…así lo llamas por lo menos. 55 ’Il y a donc véritablement une relation de transformation entre les deux textes, relation basée sur la maîtrise de l’hypotexte, comme nous venons de le voir. Ceci nous intéresse au plus haut point car c’est justement la traduction qui a permis à Cortázar de connaître et de maîtriser les caractéristiques de l’hypotexte.
Nous irons même jusqu’à avancer que la traduction est déjà une transformation, que Vida y extrañas y sorprendentes aventuras de Robinson Crusoe, Marinero de York, escritas por él mismo n’est pas The life and strange surprising adventures of Robinson Crusoe of York, Mariner, written by himself . Pour qu’il y ait traduction, il faut déjà qu’il y ait une maîtrise technique de l’hypotexte et une imitation de celui-ci, alors appelé original (et c’est précisément de cela que découle toute la problématique traditionnelle de la fidélité en traduction).
Dès lors, dans notre cas précis, il ne s’agit plus seulement d’une « simple » relation hypertextuelle entre le texte de Defoe et Adiós Robinson. En effet, il faut plutôt comprendre le processus ainsi : Defoe écrit The life and strange surprising adventures of Robinson Crusoe of York, Mariner, written by himself, que Cortázar transforme en Vida y extrañas y sorprendentes aventuras de Robinson Crusoe, Marinero de York, escritas por él mismo par sa traduction, puis ce dernier procède à une seconde transformation en écrivant Adiós Robinson. Ceci signifie surtout pour nous que l’acte de traduction est ici essentiel. Nous pourrions même dire que le rapport hypertextuel se donne, en réalité, entre la traduction de Cortázar et Adiós Robinson.
Ceci fait beaucoup plus sens au niveau symbolique : en effet, quel intérêt pour Cortázar que d’écrire une fable anticolonialiste en réponse à un livre écrit au XVIII° siècle ? Nous pensons que c’est bien plus du côté de son évolution politique personnelle qu’il faut chercher cet « adiós », cette rupture d’avec Robinson : le sens de la pièce radiophonique est surtout celui d’une séparation de Cortázar d’avec un esthétisme peu regardant à l’idéologie. C’est ainsi que le Cortázar des années 1970, impliqué dans la Révolution cubaine, répond au Cortázar de 1945 qui critiquait chez Defoe bien plus ses défauts littéraires que son idéologie 56 . Nous pouvons penser en cela à cette phrase de Cortázar, dans sa lettre à Roberto Fernández Retamar, ensuite parue sous le titre « Situación del intelectual latinoamericano » :
‘De la Argentina se alejó un escritor para quién la realidad, como la imaginaba Mallarmé, debía culminar en un libro ; en París nació un hombre para quién los libros deberán culminar en la realidad. 57 ’Nous pensons donc que l’expérience de traduction du texte de Defoe doit bien être considérée comme la source et le moteur de l’écriture de Adiós Robinson. Ceci souligne l’importance de l’étude des traductions pour la compréhension de l’œuvre cortazarienne.
p. 132, 181, 209, 268, 323 et 341 dans l’édition de Viau. Ces notes sont souvent très succinctes et se contentent de donner un équivalent ou une courte explication historique nécessaire à la compréhension d’un passage.
Voir Cartas, p. 157.
Il s’agit de : Concise Oxford Dictionary ; Elegias del Duino de Rilke dans une traduction anglaise de H.B. Leishman et Stephen Spender ; The murder of Roger Ackroid d’Agatha Christie, en anglais.
Voir Cartas p. 247.
Nous avons retrouvé ces titres en glanant dans divers catalogues informatisés de grandes bibliothèques, françaises, espagnoles et latino-américaines. La liste n’est donc pas exhaustive. Les volumes mesurent 26 cm et ne portent d’autre date que celle de l’impression.
« Il y a toujours le souvenir inoubliable de l’enfance : les épisodes de l’île nous remplissaient l’esprit d’idées fantasques, nous regardions avec Robinson la trace de pas dans le sable, nous épiions les cannibales, nous sauvions le bon Vendredi… Je vous assure que j’ai passé d’agréables moments en essayant de traduire ce bon vieux récit. » (Trad. S.P.)
« Il est vrai que Defoe écrivait très mal, que son personnage a les pires traits d’un britannique (et quelques-uns des meilleurs aussi, mais pas autant que je le voudrais) et que de longs chapitres nous ennuient et nous fatiguent aujourd’hui. » (Trad. S.P.)
C’est le cas pour l’épisode de la destruction de l’idole païenne, en Russie, dans le chapitre « Bandoleros e idolatras » de la deuxième partie : Robinson décide de brûler cette statue uniquement parce qu’elle offense son sens religieux, et ce, bien qu’il n’ait eu aucun contact direct avec ses « adorateurs ».
Cartas, p. 160.
G. Genette : Palimpsestes, Éditions du Seuil, 1982. Voir en particulier le chapitre I.
Robinson Crusoe, p. 124-125. Le texte original disait : « At last he lays his head flat upon the ground, close to my foot, and sets my other foot upon his head, as he had done before, and after this made all the signs to me of subjection, servitude, and submission imaginable, to let me know how he would serve me as long as he lived. I understood him in many things, and let him know I was very well pleased with him. In a little time I began to speak to him, and teach him to speak to me; and, first, I made him know his name should be Friday, which was the day I saved his life. I called him so for the memory of the time. I likewise taught him to say master, and then let him know that was to be my name. I likewise taught him to say Yes and No, and to know the meaning of them. » (accessible sur : http://darkwing.uoregon.edu )
Adiós Robinson y otras piezas breves, p. 167. Le « tic » nerveux de Vendredi consiste à rire à chaque fois qu’il dit « maître ». (« Vendredi : –Mais tu as fait des merveilles, souviens-toi quand tu as cousu des pantalons pour que je ne sois plus tout nu, quand tu m’as appris mes premiers mots d’anglais, le mot maître (petit rire), les mots oui et non, le mot Dieu, tout ce que raconte si bien le livre…/ Robinson : –Que veux-tu, il fallait bien faire tout cela pour t’arracher à ta condition de sauvage, et je ne regrette rien. (…) je me suis trompé sur ton compte en voulant te faire rentrer dans l’histoire, la nôtre bien sûr, celle de la grande Albion, etc. (il rit ironiquement) Mais le pire, c’est que jusqu’à maintenant, tout me paraissait au mieux, je croyais que tu avais fait tien notre modèle de vie, jusqu’à ce que nous revenions ici et que tu commences à avoir ce tic nerveux –c’est du moins comme ça que tu l’appelles… » Trad. S.P.)
Voir Cartas, p. 160.
Voir Cartas, p. 1136. « D’Argentine est parti un écrivain pour qui la réalité, comme l’imaginait Mallarmé, devait culminer dans un livre ; à Paris est né un homme pour qui les livres devront culminer dans la réalité. » (Trad. S.P.)