Henri Troyat, Pushkin : une piste ouverte

Dans Cartas, page 220, on trouve cette piste :

‘Dos traducciones mías andan ya en librerías (...). Empiezo ahora una monumental biografía de Pushkin, por Henri Troyat; trabajo para cinco meses. Si lo cobro de una vez, me voy a Europa. (Y no vuelvo nunca más, se entiende.) 131

Or, nous n’avons trouvé aucune trace de cette publication, ni chez Argos, ni chez Nova (les deux maisons pour lesquelles Cortázar traduit à cette période), ni chez aucun autre éditeur argentin. Nos recherches ont été menées sur différents catalogues informatisés (argentins et autres) consultables sur Internet, dans les fichiers manuels des grandes bibliothèques argentines, chez les bouquinistes de Buenos Aires ainsi que dans l’Index translationum et la revue Biblos. Nous ne savons donc pas si ce projet a été mené à bien ou non. Nous avons pourtant la preuve que Cortázar a lu l’ouvrage de Troyat, puisque Imagen de John Keats nous propose cette référence, page 343 :

‘También Pushkin se debate en salvaguarda de una libertad que el estrecho horizonte femenino le coarta. Libertad para amar a otras mujeres, jugar, irse por ahí –libertad de todas maneras. Y también para su poesía–: « No te imaginarías nunca –le escribe a un amigo–, lo alegre que resulta escapar de casa de nuestra novia y ponerse a escribir versos... » [en note : Cf. Henry Troyat, Pouchkine, II, pág. 146]. Y en víspera de su boda con Natalia Goncharova escribirá un fragmento autobiográfico que, por contragolpe, ilumina el problema sordo y sin solución del romántico frente a una realidad que sólo en lo carnal coincide con su esperanza [en note : Ob. cit., II, pág. 134. ]. 132

Les renvois constituent, on le voit, des références précises à la biographie de Troyat . On peut encore remarquer que la citation de Pouchkine est donnée en espagnol et est donc traduite par Cortázar. Si la traduction éditée est un jour retrouvée, il serait bon de confronter les versions de cette citation, afin de savoir s’il s’agit du même texte.

Notes
131.

Lettre à Sergio Sergi, datée du 3 janvier 1947. « Deux de mes traductions sont déjà en librairie (…). Je commence maintenant une monumentale biographie de Pouchkine, par Henri Troyat : j’en ai pour cinq mois. Si je suis payé en une fois, je pars en Europe. (Et je ne reviens plus jamais, évidemment). » (Trad. S.P.)

132.

« Pouchkine se débat aussi pour sauver une liberté que lui coupe l’étroitesse de l’horizon féminin. Liberté d’aimer d’autres femmes, de jouer, de se promener –liberté sous toutes ses formes. De même pour sa poésie : « Tu n’imaginerais pas –écrit-il à un ami– la joie que j’ai à m’échapper de chez ma fiancée et à me mettre à écrire des vers… » [en note : cf. Henry Troyat, Pouchkine, II, p. 146]. Et la veille de son mariage avec Natalia Goncharova, il écrira un passage autobiographique qui, par contraste, éclaire le problème sourd et insoluble du romantique confronté à une réalité qui ne coïncide avec ses attentes que sur le plan charnel. [en note : Opus cit., II, p. 134] » (Trad. S.P.)