Martin Buber, Moisés : un travail de correction

M. Fernández Blanco, grand libraire de Buenos Aires et collectionneur passionné de Cortázar, nous a mise sur la piste de cette collaboration, publiée en 1949 par les éditions Imán 174 . Le livre mesure 12 cm par 18, a une couverture cartonnée rouge et compte 373 pages. Il s’agit d’un essai de biographie historique sur Moïse, très richement documenté. Martin Buber (1878-1965) est un philosophe de la religion surtout connu pour son Ich und Du (Moi et Toi) et pour ses très bons Contes hassidiques. Il a aussi traduit la Bible en allemand, en collaboration avec F. Rosenzweig.

Moisés appartient à la collection « Decálogo », dirigée par Samuel Kaplan. Ce dernier est un ami de Cortázar : son nom est notamment mentionné dans « We band of brothers », au début d’Imagen de John Keats. C’est également lui qui publiera en 1955 Vida y Cartas de John Keats, nous le verrons.

Cortázar ne tient pas lieu de traducteur dans Moisés, mais de correcteur, comme le précise ce petit texte liminaire :

‘La traducción de esta obra fué hecha del manuscrito alemán por Sigisfredo Krebs. Las dificultades propias del manuscrito indujeron al editor a confiar la compulsa de la versión a Máximo José Kahn, y el cotejo con la traducción inglesa a Julio Cortázar. 175

Cortázar confronte donc la traduction de Krebs et la traduction anglaise afin de relever d’éventuelles erreurs : il fait donc office de correcteur. Ce genre de tâche, fastidieuse et difficile, est généralement confiée à des traducteurs confirmés. Ceci nous montre qu’il jouissait certainement d’une bonne réputation dans le milieu éditorial argentin. Il faut enfin penser qu’il sera également correcteur, plus tard, auprès de l’Unesco. Nous n’en savons pas davantage sur la collaboration de Cortázar à cette traduction.

Notes
174.

Il existe une réédition de ce texte : Buenos Aires, Lumen-Hormé, 1994.

175.

« La traduction de cette œuvre a été réalisée à partir du manuscrit allemand par Sigisfredo Krebs. Les difficultés inhérentes au manuscrit ont incité l’éditeur à confier le collationnement de la traduction à Máximo José Kahn, et son examen au regard de la traduction anglaise à Julio Cortázar. » (Trad. S.P.)