En octobre 1951, Julio Cortázar réalise enfin le rêve de s’installer à Paris. La bourse d’études que lui a octroyée le gouvernement français ne lui suffisant pas pour vivre et pour nourrir sa famille restée à Buenos Aires, il doit chercher toutes sortes d’expédients : il est par exemple un temps commentateur de boxe pour une radio hispanophone. Il commence également à travailler comme traducteur technique pour l’Unesco 209 . Ce qui nous importe ici, c’est que les éditions Sudamericana, qui publient Bestiario en 1951, lui proposent des traductions. Il est également possible qu’il leur ait servi de lecteur de français et d’agent littéraire à Paris, nous le verrons : nous pouvons en tout cas dire qu’il lit les nouveautés, en sélectionne quelques-unes et leur propose de les traduire. En somme, même si la période qui s’ouvre semble être difficile d’un point de vue économique pour Cortázar, cela ne l’empêchera pas de choisir ses travaux de traduction.
C’est ainsi que, dans les années qui suivent (1952-1958), le rapport à la traduction se rapprochera de nouveau d’une fonction de laboratoire ou d’atelier de littérature, comme c’était le cas entre 1945 et 1947.
La période qui nous occupe à présent constitue bien une éclosion : au niveau biographique, il s’agit d’une charnière pour Cortázar, qui mène enfin la vie qu’il rêvait de vivre. Par ailleurs, c’est avec Bestiario qu’il commence à être connu et reconnu en tant qu’auteur en Argentine. Dans les années qui suivront, il écrira Final del juego et Las armas secretas 210 qui confirmeront son talent aux yeux de ses lecteurs.
Mais voyons à présent ce qu’il traduit et comment il traduit à cette période.
Par la suite, il sera aussi interprète de conférence et correcteur pour l’Unesco.
Publication partielle de Final del juego en 1956 et complète en 1964 ; publication de Las armas secretas en 1959. Ces informations proviennent de la chronologie établie par J. Poulet pour Co-textes n°11 (Avril 1986).