Interlude

Nous l’avons vu, lorsque Cortázar traduit de la poésie, il met en oeuvre certains recours propres à l’écriture : ce qui guide ses choix n’est certes pas le principe d’une fidélité au sens premier de l’original.

Le travail qu’il produit sur le rythme et la versification de ses versions relève d’un travail de ciselure. D’autre part (et conjointement), il fouille en profondeur l’image poétique : l’analogie traduite ne fonctionne plus si l’on en traduit que les termes ; il faut donc, dans la langue d’arrivée, retrouver toute la précision de l’analogie pour recréer la force de l’image. La traduction de poésie et l’écriture poétique semblent donc former un continuum, comme les deux faces d’un Janus bifrons.

María Antonia Álvarez Calleja rajoute un terme à cette équation :

‘Por ello nadie puede discutir que la traducción en verso es más difícil que en prosa y que al hacer una buena traducción de poesía, además de multiplicar numéricamente los lectores, el traductor se convierte en poeta, inspirándose en la anterior. Éste es el caso de Ezra Pound, para quién (…) la traducción no difiere en esencia de cualquier otro trabajo poético, excepto en que « mientras el poeta comienza viendo, el traductor lo hace leyendo, pero su lectura debe ser una especie de visión. » 356

Nous retrouvons donc là encore l’importance de la lecture, d’une lecture active et engagée dans le texte, pour arriver à bien traduire.

Notes
356.

M. A. Álvarez Calleja : Estudios de traducción (Inglés-español) : Teoría, práctica, aplicaciones. Cuadernos de la UNED n°96, 1995, p. 128. (« C’est pourquoi personne ne peut nier que la traduction en vers est plus difficile qu’en prose et qu’en réalisant une bonne traduction de poésie, le traducteur non seulement multiplie le nombre des lecteurs, mais il devient aussi poète lui-même, en s’inspirant de l’original. C’est le cas d’Ezra Pound, pour qui la traduction ne diffère pas fondamentalement de tout autre travail poétique, mis à part que « le poète commence par voir, alors que le traducteur commence par lire, mais sa lecture doit être une sorte de vision. » Trad. S.P.)