A - Les acquis d’une bibliographie peu abondante

La région du lac Jabbûl n’a fait l’objet que de rares études antérieures, essentiellement en archéologie (Maxwell-Hyslop et al. 1942, de Maigret 1974, Tefnin 1977-78, 1979, 1980a, 1980b, 1983, Haase 1983). Plus récemment, une équipe d’archéologues a repris l’étude du site de Um al-Marâ (après Tefnin), au nord du lac, et a réalisé une prospection archéologique dans ce secteur (Curvers et Schwartz 1997, Schwartz et al. 2000). Signalons également que plusieurs équipes d’archéologues ont traversé la région à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle (Sachau 1883, Hyde et Talbot ed. 1904-1908) tandis que R. Mouterde et A. Poidebard (1945) ont survolé cette région et ont pris un certain nombre de photographies aériennes de sites archéologiques avant de les visiter. Les études du milieu sont rares. Il faut cependant signaler le travail de géographie rurale de A. R. Hamidé (1959) sur la région d’Alep, déjà ancien mais riche en informations sur les pratiques agricoles passées, et l’étude phytogéographique de W. Deiri (1990).

Les études archéologiques et les travaux de A. R. Hamidé ont mis l’accent sur l’importance de la présence humaine au nord de la région au cours de l’histoire, en particulier à l’époque du Bronze (2900-1200 av. J.-C. ) 15 , à l’époque romano-byzantine (Ie siècle av. J.-C., VIIe siècle ap. J.-C.) et depuis le début du XXe siècle (Maxwell-Hyslop et al. 1942, Hamidé 1959, Schwartz et al. 2000). Les photographies aériennes de R. Mouterde et A. Poidebard (1945) ont attesté la présence d’un certain nombre de sites dans les secteurs de plateau, sites que ces auteurs ont daté pour la plupart de l’époque romano-byzantine. La zone steppique s’étendant au-delà du lac vers l’est et le sud était, quant à elle, considérée jusqu’à récemment comme très peu occupée par des populations non nomades ou semi-nomades. Cette idée reposait sur le fait que le milieu naturel était supposé incompatible avec la présence de sédentaires pratiquant la culture pluviale. R. Mouterde et A. Poidebard (1945) supposaient notamment que les sites de la steppe étaient des postes avancés du limes romain. Or J. Besançon et B. Geyer (1999) 16 constatèrent, lors de leurs premières missions de repérage, que la plupart de ces sites n’étaient pas des postes militaires romains mais s’avéraient être des témoins d’une appropriation agricole ancienne de la steppe par les hommes. Par ailleurs, ces auteurs confirmèrent l’importance des témoins de la présence humaine dans le bassin de Jabbûl et constatèrent que les plus anciens remontaient au moins au Néolithique.

Ainsi, le manque d’intérêt porté avant B. Geyer et J. Besançon pour ce secteur de marge aride laissait le champ libre à une étude géoarchéologique. Son objectif, dans le cadre du programme « Marges Arides » lancé par B. Geyer en 1993, était de montrer, à l’inverse, tout l’intérêt qu’avait pu constituer cette région pour les populations (sédentaires, nomades et semi-nomades) qui s’y côtoyaient depuis longtemps. Dans ce cadre, les résultats obtenus ici ont l’ambition de participer à la compréhension plus générale des modes d’occupation et de mise en valeur agricole dans les régions de marges arides au Proche-Orient.

Notes
15.

Pour la chronologie détaillée, se reporter à l’introduction du chapitre III, seconde partie.

16.

Publication d’une synthèse des premières missions de 1993, présentée lors d’un colloque tenu à Alep en 1994.