1 - Une structure apparemment simple

La région d'Alep au sens large, c'est-à-dire celle bordée à l'est par les massifs montagneux levantins (le Jabal Ansariyé et le Jabal Barish, puis le Jabal Zaouiyé et le Jabal Samaan...), à l'ouest par l'Euphrate, au sud par le massif palmyrénien et au nord par le massif du Taurus, est un grand ensemble structural uniforme appelé « plateforme d'Alep ».

Cette vaste plateforme à grand rayon de courbure paraît peu affectée par la tectogenèse responsable des reliefs et des failles profondes qui la bordent. Localisée sur une partie mobile du rebord nord de la plaque arabique, elle est encadrée par les plis faillés des Palmyrénides au sud, la série des cassures de la côte méditerranéenne à l'ouest, prolongement du grand système de failles transformantes né du rift africain et la faille de l'Euphrate à l'est. Cependant, cette structure massive est marquée par quelques petites failles et plis dont certains ont affecté la région étudiée. Dans la zone centrale, la dépression du Jabbûl est située dans un brachy-synclinal façonné dans des sédiments pliocènes. D’après V.P. Ponikarov et al. (1966), le pendage des couches est faible, de l'ordre de 3° à 4°. Au sud du lac s'étend le petit anticlinal de Khanasir à la forme irrégulière, depuis le Jabal Abisan au sud du Jabal al-Has, jusqu’à la pointe sud du lac Jabbûl, en incluant le couloir de Monbatah, le versant sud-est du Jabal al-Has et le Jabal Shbayth.

Cet ensemble a subi, au cours du Miocène supérieur, une forte activité tectonique qui s’est traduite par l’apparition de failles. Ainsi avons-nous pu observer clairement une petite faille dans le sud-est du Jabal al-Has. Mais des indices militent en faveur de failles beaucoup plus importantes, dans la plaine de Monbatah par exemple, car on ne s’explique pas bien la différence d’altitude et de morphologie entre les deux jabals. Il est fort possible qu’il y ait eu une importante cassure à cette hauteur, conduisant à l’effondrement d’une portion de terrain et à l’apparition de la plaine de Monbatah. Cette faille, si elle existe, a probablement une extension plus importante, en particulier vers le nord, le long du flanc est du Jabal al-Has. Elle aurait participé à l’effondrement de la partie est de ce plateau, ce dont témoigne la présence de chicots basaltiques en place en bordure immédiate du lac à une altitude anormalement faible par rapport au reste du plateau. Un autre indice de l’existence de cette faille est la présence, au centre du couloir de Monbatah, d’une plateforme gypseuse formée par une source artésienne aujourd’hui inactive. Cette source artésienne aurait eu pour origine les mouvements tectoniques ayant affectés ce secteur. En revanche, la présence, au sein du lac Jabbûl, de plusieurs pointements de calcaire éocène n’est peut-être pas le résultat de l’activité tectonique, mais simplement celui de l’érosion différentielle mettant en saillie des portions plus dures de la roche mère.