II - Le jeu des composantes dans l’évolution du milieu

A - Composantes dynamiques et composantes statiques

Une des distinctions entre composantes « dynamiques » et composantes « statiques » est fondée sur un rapport d’échelle : certaines composantes ont une influence à court terme et d’autres à beaucoup plus long terme. En fonction de cette échelle, leur action sur l’évolution du milieu ne sera pas la même. Les composantes dynamiques constituent des « accidents » qui modifient temporairement les conditions d’évolution du milieu. La notion de dynamique intègre l’idée de changement et non simplement d’action. La composante dynamique traduit donc un changement, une modification de la composante naturelle. Ainsi est-ce le cas des fluctuations climatiques (accroissement ou baisse des précipitations, par exemple) qui n’interviennent qu’exceptionnellement mais qui transforment les conditions d’occupation et de mise en valeur du milieu (transformation qui peut être durable, par l’intermédiaire des héritages, par exemple les paléosols de l’optimum climatique holocène). Les composantes statiques, quant à elle, ne signifient pas une absence de mouvement. C’est le cas, par exemple, pour ce qui concerne le climat, de l’irrégularité interannuelle des précipitations. En effet, ce caractère du climat est bien statique, c’est-à-dire qu’il est un élément fondamental et durable du climat de la région des marges arides. Les composantes statiques ont donc un caractère quasi-permanent à l’échelle humaine et leur influence est fondamentale dans la mesure où elles conditionnent le choix et la pérennité de l’implantation.

Les composantes statiques, dans le cadre temporel fixé par ce travail (les 10000 dernières années), et dans la région de marges arides, ont marqué, par leur stabilité, l’évolution du milieu. Ces composantes sont avant tout l’ « ambiance climatique » (appellation qui permet de distinguer entre facteurs statique et dynamique du climat), le relief et la géologie. Elles seront envisagées ici sous l’angle de leur influence sur l’occupation humaine dans la région du lac Jabbûl. Elles définissent l’ « état » général du milieu et jouent le rôle de « facteurs déclencheurs passifs » de l’occupation humaine, en tant que contexte général de l’occupation.

L’analyse des composantes dynamiques sera menée dans le but, là aussi, de mettre en évidence leur influence plus ou moins déterminante sur les variations de l’occupation et de la mise en valeur agricole des sols dans la région. Dans les composantes dynamiques on distingue les sols, le climat (fluctuations climatiques), la végétation, l’hydrologie et l’Homme. Les modifications qu’elles peuvent engendrer sur le milieu, en font des constituant azonaux, pouvant être considérés comme des « facteurs déclencheurs actifs », attractifs ou répulsifs, de l’occupation humaine.