A - Le dernier maximum glaciaire : une ambiance sèche et froide

Entre 20000 BP et 15000 BP, lors du dernier maximum glaciaire, la région levantine connaît une forte aridité dont témoignent les diagrammes polliniques de la vallée du Ghab au Levant nord (van Zeist et Woldring 1980, van Zeist et Bottema 1991) et du lac Houlé au Levant sud (Baruch et Bottema 1991) 104 . Le problème de la fiabilité des datations au radiocarbone effectuées sur les échantillons des carottes lacustres a été soulevé (Baruch 1994, Sanlaville 1996). Très récemment, des datations utilisant la méthode de l’Uranium/Thorium ont grandement vieilli des échantillons ayant été datés par la méthode au radiocarbone. Certaines phases lacustres auparavant placées à la fin du Pléistocène doivent donc être vieillies (au stade isotopique 5, c’est-à-dire entre 150 ka BP et 70 ka BP).

‘« Deux échantillons de coquilles de cardium de Mudawwara (Jordanie), datés au 14C, ont donné des âges équivalents de ceux des lacs d’Arabie : 25570 ± 8700 BP et 11 910 ± 150 BP, alors que leur âge U/Th est de 115 ka ± 5,3 ka. De même, en Nubie occidentale soudanaise, 4 datations au radiocarbone ont situé un paléolac pléistocène entre 21000 BP et 30000 BP, alors qu’un de ces échantillons, traité au U/Th, a donné 98300 ± 6300 ans BP (Pachur et Hoelzmann 1991). Des marnes lacustres d’el-Jafr, à une centaine de kilomètres au nord de Mudawwara, avaient été datées au 14C de 26000 ± 870 ans BP (Huckriede et Wieseman 1968) : une datation au U/Th vient de donner 83 ka ± 8 ka (Macumber 2001), qui paraît correspondre au stade 5a. On a donc de bonnes raisons de penser que, traitées au U/Th, les marnes du Néfoud ou la malacofaune du Roub al-Khali placeraient également la phase lacustre principale dans le stade 5 ». (Sanlaville com. pers.).’

Néanmoins, ce vieillissement ne remet pas en cause l’allure générale des changements climatiques de cette période (fin du Pléistocène). Celui-ci, obtenue par les carottes marines, reste la même : un maximum glaciaire qui se traduit par une évolution vers l’aride du climat. Par ailleurs, les données sur la végétation, obtenues par les diagrammes polliniques, traduisent bien le passage d’un milieu tempéré à un milieu steppique : les diagrammes indiquent en effet un faible pourcentage d’arbres au moment du dernier maximum glaciaire (20 % à 30 %) et, à l’inverse, un pourcentage plus important de plantes de steppe désertique (en particulier l’armoise) et de milieux naturels salés (chénopodiacées) (Bottema et Woldring 1990, Baruch 1994).

D’autres marques de cette aridité et du refroidissement ont été relevées. Ainsi, l’abaissement du niveau de l’Océan mondial (jusqu’à -120 m et même -130 m, principalement en raison de la constitution des inlandsis), qui provoque une forte avancée de la ligne de rivage (en particulier pour la Mer Rouge ou le delta du Nil) voire un assèchement total de certaines zones comme le Golfe Persique, qui reste émergé jusque vers 13500 BP. Par ailleurs, les grands ergs s’édifient, en particulier dans la péninsule arabique (Roub al-Khali, Nefoud) (Blanchet et al. 1997).

Notes
104.

D’autres diagrammes polliniques méditerranéens ou moyen-orientaux sont explicites. Voir à ce sujet la synthèse de M. Rossignol-Strick (1997).