B - Le Tardiglaciaire : un premier réchauffement

Le Tardiglaciaire est la période qui s’étend entre 15 ka BP et 11 ka BP. Elle correspond à une première phase de forte fonte des glaces. Le niveau des mers remonte progressivement ; le niveau de la Mer Morte, notamment, remonte jusqu’à un maximum de -180 m vers 14,6 ka BP, voire -150 m vers 13 ka - 12 ka BP, contre -370 m à 17 ka BP (Sanlaville 1996) 105 . Il n’y a donc pas seulement réchauffement, mais surtout humidification du climat. le Golfe Persique est partiellement envahi par les eaux. Les diagrammes polliniques traduisent très bien, là aussi, l’ambiance climatique régionale. Dans ceux du Houlé et du Ghab (et d’autres en Turquie ou en Grèce), on note un progrès des grains de pollen d’arbres, qui constituent jusqu’à 40 % des plantes représentées. En parallèle des sols se constituent ; à Palmyre un paléosol de climat plus humide est daté d’environ 14,5 ka BP (Besançon et al., 1997) ; au Negev, un paléosol a été daté de 15 ka BP à 11 ka BP (Goodfriend et Magaritz 1988, in Sanlaville 1996), tandis qu’au Sinaï un paléosol très étendu est associé à un dépôt lacustre dans lequel se trouvent des outils du Kébarien géométrique (Goldberg et Bar-Yosef 1982) 106 . Jusqu’à il y a peu, on pensait qu’une ou deux courtes phases lacustres étaient apparues dans certaines régions arides, en particulier au Sinaï et en Arabie (Goldberg et Bar-Yosef 1982, Roberts 1982, Sanlaville 1992). Mais comme on l’a vu plus haut, il est fort possible que les dates réalisées avec le 14C ne soient pas fiables et que cette phase lacustre (relevée dans le Roub al-Khali en particulier) doive être vieillie.

Durant cette période globalement plus chaude, un bref retour du froid se serait manifesté autour de 12 ka BP. Les traces de cet événement restent assez limitées, et ce sont surtout les diagrammes polliniques, en particulier ceux du Ghab et du Houlé, qui le traduisent en montrant un recul des arbres au profit des Chénopodiacées (Sanlaville ibid.). Ce recul n’est pas enregistré (ou n’est pas mentionné ?) par l’analyse pollinique récente réalisée dans le Ghab (Yasuda et al. 2000).

Dans la région du lac Jabbûl, il est difficile de dire si cette phase de réchauffement et d’accroissement des précipitations a été fortement marquée. Les traces géomorphologiques ne sont en tout cas pas visibles aujourd’hui. Il est possible cependant que les conditions hydrologiques aient été modifiées temporairement, en particulier que la dépression centrale ait été occupée par une nappe d’eau plus importante et durable qu’aujourd’hui.

Notes
105.

Les différents niveaux de la Mer Morte sont calculés par rapport au niveau actuel de la mer Méditerranée.

106.

Cette phase archéologique se situe à la fin de la période glaciaire, au moment du premier réchauffement climatique, précisément, d’après J. Cauvin et al. (1997), entre 16500 et 12200 BP.