D - L’« Optimum climatique holocène »

Entre 10 ka BP et 6 ka BP, la chaleur et l’humidité atteignent leur maximum. C’est pourquoi cette phase est appelée « Optimum climatique holocène ». La Méditerranée se réchauffe et sa salinité diminue fortement en raison, semble-t-il, d’une forte alimentation en eau douce. Celle-ci serait due principalement au Nil, lui-même mieux alimenté par un accroissement des pluies de mousson, provoqué par la remontée vers le nord de la zone de Convergence intertropicale (CIT) (Petit-Maire et al. 1995). L’ampleur des variations latitudinales de la zone de Convergence Intertropicale est une des caractéristiques de la période. La région en a subi les conséquences, connaissant en particulier des hivers plus froids et plus pluvieux qu’aujourd’hui, lors de la descente de la CIT au sud de l’équateur (Blanchet et al. 1997). Il est plus que probable que les montagnes du pourtour méditerranéen contribuent également à l’apport d’eau douce au cours de cette période. Selon des datations réalisées sur des sédiments riches en matière organique, en pollen et en plancton (les sapropèles), cette alimentation en eau douce se serait maintenue entre 9,3 ka BP et 8 ka BP (Fontugne et al. 1994).

Le diagramme du Ghab témoigne également de l’accroissement de l’humidité : le pollen d’arbres augmente fortement au détriment du pollen de végétation de steppe aride (jusqu’à 50 %, van Zeist et Bottema 1991). D’après P. Sanlaville, le léger recul du chêne et la disparition temporaire du pistachier que l’on note dans le diagramme vers 8 ka BP s’apparenterait à un assèchement temporaire à rapprocher avec celui révélé par les diagrammes polliniques de Tenaghi au nord-est de la Grèce, entre 8 ka BP et 7,6 ka BP, durant la « phase des sapropèles et du pistachier » (Rossignol-Strick 1993). Cette phase est moins caractéristique dans le diagramme du Houlé pour lequel le pollen d’arbres serait plus abondant durant le Tardiglaciaire (50 %) qu’au début de l’Holocène (30 % à 40 %) (Baruch et Bottema 1991, Baruch 1994).

L’Optimum climatique de l’Holocène est attesté ailleurs. Entre 8,5 ka BP et 6,5 ka BP un optimum hydrologique est noté au Sahara, avec la présence de lacs. Après une courte phase sèche à 6,7 ka BP, un retour de l’humidité, moins prononcé, se maintient jusqu’à 4,5 ka BP (Petit-Maire 1991, Sanlaville 1992, Petit-Maire et al. 1995). En Arabie cette phase est moins marquée. Il n’y a pas de lacs mais plutôt des sebkhas et des marécages, tandis que la pédogenèse est plus limitée. Cependant, vers 6 ka BP, le niveau du Golfe Persique atteint un maximum, soit 1 m à 2 m au-dessus du niveau actuel ; d’après des carottes qui y ont été prélevées, la phase humide serait divisée en deux parties, de 9 ka à 8 ka BP puis de 7 ka à 4,5 ka BP, séparées par un intervalle sec (Sanlaville 1992).