1 - La mise en place du climat actuel

D’après G. Blanchet et al. (1997), c’est aux environs de 5000 BP que le climat du Proche-Orient se serait stabilisé dans des conditions proche de l’actuel. Cette hypothèse, fondée entre autres sur le fait que la zone de Convergence Intertropicale se serait positionnée dans une situation analogue à l’actuelle, ne remet pas en cause l’action des composantes dynamiques du climat au cours de cette période. Certains auteurs font état de changements climatiques vigoureux.

Ainsi, dans le nord du Proche-Orient, certains auteurs pensent avoir relevé, dans des sédiments, l’existence d’une courte phase d’aridité. Elle se manifesterait par la présence d’une couche de poussière éolienne datée d’environ 4000 BP (voir pour cette phase d’aridité H. N. Dalfes et al. 1997, en particulier la participation de H. Weiss qui résume les différentes hypothèses). Selon une première hypothèse, M.-A. Courty (1994) et H. Weiss et M.-A. Courty (1997), supposaient que cette phase aride aurait été responsable de l’abandon d’un grand nombre de sites dans le haut Khabour, en particulier Tell Leilan et Tell Brak, et aurait même été la cause de la chute de l’empire akkadien. Mais cette explication climatique ne fait pas l’unanimité. Pour K.W. Butzer (1997), la chute de l’empire akkadien et la disparition des villes dans certaines régions au Bronze ancien II et III seraient dues à des problèmes d’ordre politique, ayant conduit, entre autres, à l’isolement de l’empire et à l’affaiblissement de son économie. On sait aussi qu’à cette époque les actions des Amorites ont contribué à déstabiliser la région et que cela a probablement participé du déclin d’une partie de la civilisation urbaine.

T. J. Wilkinson (1997) propose une hypothèse dans laquelle il tient compte de la forte densité de l’occupation humaine à cette époque et suppose que la mise en valeur agricole qui lui est associée est un poids trop lourd pour le milieu naturel fragilisé. Selon lui, la chute de l’empire akkadien et le repli de l’Homme vers des espaces moins arides seraient dus à la fois à une probable dégradation temporaire du climat (action des composantes dynamiques) et à un problème de surpopulation. La première se serait traduite par une sécheresse durant quelques décennies, tandis que la seconde aurait engendré une surexploitation des terres par ailleurs fragiles, car localisées sur les marges désertiques.

Il semble aujourd’hui que l’hypothèse d’une courte phase aride vers 4000 BP soit remise en cause par un de ses auteurs mêmes. En effet, d’après M.-A. Courty (2002), ce n’est pas à un accroissement de l’aridité qu’il faudrait associer la couche de sédiments fins observée dans le Haut Khabour, mais plutôt à un phénomène exceptionnel résultant de la collision d’une météorite avec la terre. La datation en ayant été précisée et légèrement vieillie, l’événement se situerait entre 2600 BC et 2300 BC (cal.) et coïnciderait en fait avec la fin du Bronze Ancien III au Proche-Orient. Cette nouvelle hypothèse traduit l’incertitude qui règne quant à la cause réelle ‑ voire l’existence ‑ d’un phénomène géomorphologique inhabituel et surtout la difficulté de son interprétation.