III - L’étude géomorphologique de la région du lac Jabbûl au Pléistocène et à l’Holocène

L’analyse des données géomorphologiques a pour but de mettre en valeur les tendances de l’évolution de l’environnement naturel au cours du Pléistocène et de l’Holocène. Cette analyse portera en particulier sur les dépôts superficiels et leur mode de sédimentation et d’érosion, le réseau hydrographique et ses éventuelles transformations et la dépression du Jabbûl et son bilan sédimentaire.

D’après J. Besançon (1994) on ne dénombre pas plus de cinq phases morphogénétiques datant du Pléistocène, dans les zones continentales de la Syrie. Dans la région du lac Jabbûl les témoins de ces phases sont moins nombreux. Quant à l’Holocène, ces témoins sont également peu nombreux, mais les principaux sont identifiés. On l’a vu, les phases morphogénétiques sont associées à des périodes de changements climatiques de grande envergure, qui peuvent durer plusieurs milliers d’années, comme c’est le cas durant le Pléistocène. Mais depuis la fin de la dernière glaciation, il n’y a pas eu, dans la région, de changement climatique de l’ampleur des précédents. Le plus important a été celui du début de l’Holocène (l’Optimum climatique) et c’est lui qui a laissé le plus de témoignages dans le paysage. Il semble que les autres phases n’aient pas laissé beaucoup de traces visibles, non seulement parce qu’elles étaient moins puissantes, mais également parce qu’il n’y a pas eu d’étagement très significatif des formations. Le rôle limité de la néotectonique en serait la raison principale (celle-ci peut provoquer, en raison de l’ascendance significative du terrain, un enfoncement du réseau hydrographique et un étagement plus franc des formations).

La chronostratigaphie adoptée repose sur celle mise en place sur l’Euphrate et sur la côte syrienne (voir notamment J. Besançon et P. Sanlaville 1984, B. Geyer et P. Sanlaville 1991, J. Besançon 1994, J. Besançon et B. Geyer 1997 et P. Sanlaville éd. 1979), revue par P. Sanlaville (2000)). Elle se fonde sur l’utilisation de la lettre « Q » comme base commune de dénomination des formations, à laquelle est affectée un chiffre romain correspondant à un ensemble (une période ou une sous-période géologique) : « 0 » pour l’Holocène, « I » pour le pléistocène supérieur, « II » pour le Pléistocène moyen. Une lettre en minuscule est ajoutée au chiffre romain dans le cas où il existe plusieurs formations au sein d’un même ensemble (de « a » à « b » du plus ancien au plus récent). Cette chronostratigraphie est adoptée car c’est celle qui est en vigueur aujourd’hui en Syrie. Elle repose cependant sur une formalisation ancienne qui demanderait à être revue. Il n’est pas dans notre intention de le faire ici, pour la simple raison que ce n’est pas l’objet premier de notre étude. Mais, dans l’avenir, il nous paraît nécessaire de reformaliser cette chronostratigraphie et d’utiliser pour cela les propositions faites par P. Lebret et al (1993), émises dans le cadre de la réactualisation des principes de représentations des formations superficielles.