5 - Le fonctionnement du lac Jabbûl à l’Holocène

Les données tirées de l’étude des sédiments de la cuvette lacustre et de son pourtour immédiat ne nous renseignent que sur des tendances à relativement long terme. On sait qu’avant la fin du Paléolithique supérieur (16500 BP) la région connaît, comme ailleurs, une période plus sèche qu’aujourd’hui, qui correspond au maximum glaciaire (Sanlaville 1996). Durant cette période, la tendance aurait été au creusement de la dépression aujourd’hui occupée par le lac Jabbûl, aux dépens de la formation « lacustre ». Par la suite, le lac aurait connu des périodes de plus grande alimentation en eau qui se seraient traduites par un alluvionnement, au cours des phases de réchauffement s’accompagnant d’une plus grande humidité (entre 15 ka BP et 14 ka BP, entre 12 ka BP et 11 ka BP et durant l’Optimum climatique, entre 10 ka BP et 6 ka BP) (ibid.). La formation fine du fond de la Sebkha Rasm ar-Ruam constituerait un témoignage de ces époque.

Après 6 ka BP, le climat actuel se met en place et se caractérise par une plus grande sécheresse et une plus grande irrégularité des précipitations durant l’année. La dépression fonctionne alors déjà comme un lac temporaire. La sédimentation se ralentie alors et devient probablement autant éolienne que colluviale. Cependant, des périodes d’alluvionnement persistent, ce qui implique l’action de la composante dynamique du climat et l’existence de courtes phases plus arrosées. C’est le cas notamment à l’époque romano-byzantine (Ier s. av. J.-C. - VIe s. ap. J.-C.), d’après la céramique trouvée dans les sédiments lacustre à Haklâ.