B - L’élevage et le nomadisme pastoral

1 - Origine et typologie du nomadisme pastoral

Le nomadisme pastoral est un mode de vie fondé sur une économie spécialisée, l’élevage du bétail, répandue au Proche-Orient, principalement dans les zones arides et semi-arides. X. de Planhol et P. Rognon (1970, p. 252) rappellent qu’il s’agit du ‘«’ ‘ seul genre de vie assurant une mise en valeur totale et continue du désert, au-delà des cultures pluviales et entre les foyers sporadiques de l’agriculture irriguée ’ ‘»’. Ce mode de vie n’est cependant pas généralisé à tous les déserts ou marges arides, ce qui conduit ces auteurs à souligner le fait que ‘«’ ‘ le nomadisme pastoral est un niveau technique, une forme de civilisation, un mode d’exploitation du milieu qui a été inventé par certains groupes humains et pas par d’autres ’ ‘»’ (ibid. p. 253). L’utilisation de la notion d’invention est au cœur du débat sur l’origine du nomadisme pastoral : a-t-il été subi (théorie de l’exclusion d’une partie des populations contraintes de mettre en place un nouveau mode de vie) ou construit par la volonté humaine ? Un certain nombre d’exemples tendent à prouver que le nomadisme n’est pas apparu dans les zones arides (Cauvin 1990, 1993). Ils montreraient alors que ce mode de vie n’a pas été fondé forcément sur la nécessité de s’accommoder aux conditions naturelles. Le nomadisme pastoral ne serait donc pas, à sa fondation, un mode de vie subi mais résulterait de la volonté de certains groupes humains de profiter des grands espaces libres de cultivateurs pour pratiquer un élevage extensif rémunérateur. Le mouvement annuel serait né de la nécessité de suivre les saison pour assurer la subsistance du troupeau.

Il existe plusieurs types de nomadisme pastoral dont X. de Planhol et P. Rognon (op. cit.) proposent une classification générale fondée sur la migration, sa durée et sa régularité. Ils distinguent les grands nomades chameliers, très mobiles à déplacement irrégulier, localisés dans le centre des déserts autour des points d’eau ; les petits nomades des bordures désertiques qui pratiquent de courts déplacements irréguliers dans des régions aux pâturages bien fournis. Ce dernier groupe évolue facilement vers le semi-nomadisme et la fixation, dans ces milieux naturels où les ressources en eau sont plus abondantes. Enfin, les nomades à migration périodique à grande distance. Ce sont des nomades de marges, passant une partie de l’année (la plus favorable) dans la zone la plus aride et le reste dans les zones les plus humides.