1 - La qualité agronomique des sols dans la région du lac Jabbûl

Ainsi les sols de bonne qualité agronomique, pour les cultivateurs et dans les conditions climatiques actuelles, se situent souvent là où les réserves hydriques (souterraines et de surface) sont les plus importantes. Ils se localisent donc sur les piémonts et dans les vallées des plateaux, dans le couloir de Monbatah et dans les vallées sèches du glacis nord du lac Jabbûl.

Ces sols sont limono-argileux, fortement carbonatés, avec une proportion de sables calcaires et gypseux qui s’accroît vers le sud tandis que l’argile diminue. Ils reposent généralement sur des alluvions à dominante limoneuse, d’une épaisseur qui peut atteindre plusieurs mètres dans les vallées. Ces sols ont une structure (mode d’assemblage des particules) et une texture (limono-argileuse) qui permet une bonne aération du sol et une bonne capacité de rétention de l’eau, ce qui favorise sa fertilité. Par ailleurs, le calcaire, on l’a vu 138 , contribue à accroître les qualités agronomiques des sols, à condition que l’eau soit présente en quantité suffisante.

Cependant, la qualité agronomique de ces sols reste toute relative. Il s’agit malgré tout de xérosols, c’est-à-dire de sols peu évolués et peu différenciés, mis à part un horizon Bca qui n’est pas toujours présent. Par ailleurs, ces sols possèdent peu d’humus, ce qui diminue fortement sa fertilité. Enfin, ces sols restent très carbonatés et, en cas d’humidité insuffisante, une trop forte quantité de carbonates a des effet négatifs sur le sol : lorsqu’il se présente sous forme de grains très fins, il peut provoquer la destruction de la matière organique et ralentir la formation de l'humus (ses propriétés physiques deviennent alors défavorables à la perméabilité du sol). Il peut également bloquer certains éléments indispensables aux plantes (fer, oligo-éléments...) et donc freiner le développement de la végétation.

Quand les sels cristallisés (halite et gypse notamment) sont présents dans les sols en trop grande quantité, comme c’est le cas dans l’est et le sud-est, il en résulte des sols d’une qualité agronomique plus médiocre, en particulier parce que la matière organique est détruite et que la cohésion du sol s’en ressent. L’érosion éolienne est alors assez fréquente, dès lors que les sols ont perdu leur couverture végétale (planche 3).

Ainsi rappelé ce qui fait la qualité agronomique des sols dans la région on constate, à l’image de la répartition des réserves hydriques et du gradient spatial de l’aridité, une diminution de la qualité agronomique des sols, en particulier de leur humidité, en direction de l’est et du sud de la région (figure 12 et figure 14).

Notes
138.

Se reporter à la première partie, chapitre II, II, B, 2.