Conclusion : l’importance de l’eau et des sols

La notion de ressource est fondée sur une réalité subjective : c’est l’Homme qui, en dernier recours, en détermine la qualité et les possibilités d’exploitation. Certaines pratiques, en transformant la ressource, peuvent avoir un impact sur l’évolution du milieu. C’est le cas, par exemple, de l’irrigation qui peut être à l’origine de l’amélioration de la ressource (accroissement des rendements agricoles et mise en culture des sols dans des secteurs très arides) tout comme de sa dégradation (salinisation des sols en cas de mauvais drainage, baisse du niveau des nappes en cas de ponction trop importante, voire une salinisation des nappes en cas de proximité avec des nappes originellement salées).

Les principales ressources exploitées par l’Homme dans la région du lac Jabbûl ont été analysées. Il s’agit des sols, des réserves hydriques, du sel et, dans une moindre mesure, de la végétation naturelle et de la faune. Ces ressources dépendent des composantes naturelles statiques fondamentales que sont l’aridité du climat et la lithologie. L’eau et les sols constituent les deux ressources principales de la région et participent de la définition des micro-milieux plus ou moins favorables à la mise en valeur agricole. La variété de ces micro-milieux traduit une réalité déjà évoquée dans la première partie, qui est celle des différents degrés de l’aridité édaphique et de leur rôle en milieu aride. Ainsi, là où l’aridité est forte (dans le sud-est par exemple), certains fonds d’oueds conservent des potentiels de mise en valeur agricole « favorables » (relativement aux terrains alentours) en raison de la présence de sols plus épais et plus humides, grâce aux écoulements d’inféroflux (figure 14). La notion d’aridité édaphique permet donc une analyse nuancée du milieu, au-delà d’une perception parfois trop schématique d’un environnement déterminé avant tout par le climat.

Il faut rappeler par ailleurs que les facteurs statiques déterminant l’allure générale du milieu n’ont pas fondamentalement changé depuis l’ « Optimum climatique holocène ». Le climat est resté sensiblement le même, tout comme la lithologie ou le modelé qui n’ont guère évolué. Certes, les composantes naturelles dynamiques ont joué un rôle à certaines périodes, à l’image des modifications temporaires du climat, qui ont pu se produire dans les deux sens : un accroissement et une meilleure répartition des précipitations dans l’année (optimum climatique de l’âge classique par exemple), ou une baisse sensible des précipitations et un accroissement de la température (fin de la période byzantine). Ces composantes dynamiques ont pu également se traduire par une reprise de la dynamique érosive et dépositionnelle. Ainsi, un alluvionnement historique (post-romain) a partiellement envahi le fond des incisions. En nous basant sur le rôle fondamental des composantes statiques, ainsi que sur la connaissance des épisodes durant lesquels l’action des composantes dynamiques a eu une influence non négligeable sur le milieu, il nous est possible d’analyser l’occupation passée de la région. Cette analyse est donc fondée sur le contexte environnemental actuel. Dans ce sens nous verrons que la distribution des micro-milieux naturels, telle qu’on l’observe aujourd’hui, a peu variée au cours des temps au regard de la localisation des sites d’occupation humaine.