A - Les sites d’occupation humaine

Il s’agit ici de dresser une typologie des sites présents dans la région du lac Jabbûl. Cette description ordonnée a pour but de montrer la variété des modes d’occupation depuis le début du Néolithique, variété sur laquelle nous reviendrons ensuite pour l’analyser. Deux grands types de sites se dégagent de prime abord : d’une part les sites d’occupation sédentaire et, de l’autre, les sites d’occupation temporaire.

Les sites de sédentaires se définissent comme des lieux occupés en permanence. Il s’agit donc de construction en « dur », constituées de murs en pierres taillées (de basalte) ou, le plus souvent, de briques crues faites de limon-argileux mélangées à de la paille, assemblées sur une assise en pierre. C’est pourquoi les fréquentes traces d’habitation anciennes se présentent sous la forme de murets plus ou moins ensevelis sous des petits monticules de terre, résultant de l’effondrement et de la désagrégation des briques crues sous l’effet du temps, de la pluie et du vent. C’est également pourquoi il existe tant de tell dans la région, ces monticules de terre et de pierres souvent de plusieurs mètres de haut, qui résultent de la succession et donc de la superposition des habitations en un même lieu au cours du temps. Ces deux types d’habitat sont donc généralement assimilés à une occupation sédentaire, même si des nomades ou des semi-nomades ont pu occuper des tell.

Les sites temporaires sont de deux types : il s’agit soit de sites de semi-nomades, soit de sites de nomades. Les sites semi-nomades sont souvent difficiles à mettre en évidence, car ils s’apparentent à des sites permanents. En effet, ces sites comportent également une ou plusieurs habitations en « dur » construites en briques crues. La différence avec les sites permanents est qu’ils sont plus souvent isolés, ne possèdent que rarement une assise en pierre taillée (si elle existe elle est souvent réalisée, aujourd’hui, en blocs de croûte gypso-calcaire), se localisent à proximité immédiate de citernes et ne possèdent que rarement des puits. Ces éléments ne sont qu’indicatifs et sont parfois insuffisants pour déterminer le type de site auquel on a affaire, surtout lors de prospections. Pour les archéologues le type de céramique et le volume des tessons trouvés sur les sites peut être une indication (type de céramique particulière, peu de tessons car peu de céramique… mais cela est aussi valable pour les sites nomades). Dans la région, certains sites semi-nomades sont, en revanche, assez bien identifiables. Il s’agit de petites structures circulaires construites en blocs de pierres non taillées et localisées dans les secteurs des plateaux.

Les sites occupés exclusivement par les nomades sont également difficile à observer en raison, dans ce cas, de la faiblesse des traces laissées par les occupants. Ils sont, en effet, occupés que durant un temps limité. Les nomades possèdent des tentes, les traces d’habitat sont donc légères. Cependant, ces traces sont parfois visibles surtout lorsqu’il s’agit de sites récents : présence d’un foyer, de rigoles d’évacuation d’eau… Concernant les sites anciens, il reste parfois des traces lorsque des secteurs ont été réoccupés. Mais on repère ces sites avant tout en fonction du contexte environnemental : dans des secteurs que l’on sait non cultivés, près des oueds et à proximité de citernes. Dans tous les cas, la présence de tessons de céramiques est un bon indice, mais les nomades n’utilisant que peu de céramique (puisqu’ils doivent la transporter), ce type de trace est très ténue.

Nous insisterons ici sur la description des sites et sur leur insertion dans leur environnement, tandis que le détail de l’évolution chronologique des types d’habitat sera envisagé plus loin 142 .

Notes
142.

Se reporter au chapitre III de la seconde partie.