Conclusion : l’insécurité, facteur de dépréciation de la région à l’époque islamique

L’occupation s’est donc maintenue, sans une interruption totale, entre la période byzantine et le début de la période islamique dans la région du lac Jabbûl. Cette permanence de l’occupation (en particulier sédentaire) est particulièrement nette au nord et au nord-ouest du lac Jabbûl, et dans certains sites au sud. Parallèlement, une occupation nomade apparaît dès la fin de l’occupation byzantine et perdure jusqu’à l’époque ottomane. Il semble que les sédentaires, les semi-nomades et les nomades aient vécu de concert, au début de la période islamique, dans une mise en valeur mixte de la région, avec une domination de l’élevage dans le sud et le sud-est de la région.

Le secteur du lac Jabbûl ne retrouvera plus, durant toute la période islamique, l’intensité de la mise en valeur et la densité de l’occupation qui caractérisent la période byzantine et qui perdure quelque temps après la conquête arabe. Après une très nette diminution de l’occupation sédentaire à la période abbasside puis son interruption durant la période seldjoukide, c’est seulement à l’époque ayyoubide que la région est réoccupée et que la mise en valeur agricole connaît un certain renouveau, en particulier en raison de l’exploitation du coton. Mais l’instabilité géopolitique est trop forte dans cette partie du Proche-Orient. La Syrie du Nord est un enjeu permanent pour les puissances régionales en raison de sa position géographique privilégiée. Cette situation contribue à maintenir un état d’insécurité permanent qui ne favorise pas l’occupation sédentaire et le développement agricole de la région du lac Jabbûl, sous le régime mamelouk comme sous la domination ottomane. Au début de cette dernière période, des petites garnisons restent présentes dans la région, chargées, entre autres responsabilités, de protéger l’extraction du sel de Jabbûl, tandis que le reste de la zone est très probablement occupé périodiquement par des nomades.