3 - Remarques conclusives : une organisation de l’occupation déterminée par les modes de mise en valeur agricole

Les analyses qui viennent d’être menées, pour différentes époques, offrent quelques éléments de réponse concernant l’organisation de l’espace et la mise en valeur agricole. Les hommes sont dépendants du potentiel des sols, avant tout s’il s’agit de sédentaires. Dans ce cas la recherche des meilleurs sols est conditionnée par une mise en valeur agricole fondée sur la culture pluviale. C’est pourquoi les vallées du Jabal al-Has sont occupées dès la période du Bronze ancien et de manière très intense à l’époque romano-byzantine, deux périodes de forte activité agricole. Cependant, l’importance fondamentale de la réserve hydrique dans une région sèche comme celle de Jabbûl conduit à une occupation des secteurs où l’on dispose d’eau, et ce sans parfois que la qualité agronomique des sols n’intervienne dans le choix du lieu (cas des sites localisés au sud est du secteur). Enfin, certains sites sont déterminés par des choix tout autres : présence d’une ressource particulière (le sel par exemple) ou importance de leur position stratégique. L’occupation sédentaire n’est pas seulement passive, c’est-à-dire tirant parti des meilleures conditions édaphiques. L’époque romano-byzantine voit également l’aménagement des versants dans un but de mise en valeur intensive. Or on observe que ces aménagements sont avant tout exposés à l’ouest et au nord, profitant d’apports d’air plus frais en provenance de Méditerranée. Nous avons donc ici la confirmation (si elle est nécessaire), que les déterminants naturels ne se limitent évidemment pas au simple potentiel agronomique des sols et que l’environnement, dans sa globalité (la nature et l’Homme), influe de manière décisive sur l’organisation spatiale à toutes les époques.

Lorsque l’occupation n’est pas sédentaire, la qualité des sols est nettement moins fondamentale même si elle joue inévitablement un rôle dans la localisation à l’échelle régionale. Dans ce cas, le point fondamental est la présence d’eau, comme cela se dégage relativement bien de l’étude de l’occupation au début de l’époque islamique. Pour l’occupation néolithique, c’est autant l’eau que la présence d’une faune exploitable qui constitue le point fondamental pour la localisation de groupes humains par ailleurs généralement peu nombreux.