La chronologie du Pléistocène en Syrie continentale : des données nouvelles.

Les différentes unités morphologiques qui ont été dégagées, ainsi que leurs spécificités, sont le produit d’une évolution morphogénétique dont les étapes fondamentales ont été décrites et analysées. Ces étapes ont été mises en évidence par la présence de surfaces héritées qui participent du modelé de la région. Il en résulte que la chronologie du Pléistocène et de l’Holocène en Syrie continentale, telle qu’elle a été mise en évidence et analysée dans cette étude, correspond, en partie, à celle de la côte et de la vallée de L’Euphrate. L’ensemble des épisodes morphogénétiques n’est pas présent, mais les phases principales ont été observées. Quatre étapes morphogénétiques ont été mise en évidence. Une première (QII) correspond au dépôt d’une terrasse alluviale par l’Euphrate dans le secteur est de la région et datée de la fin du Pléistocène moyen (stade isotopique 10). Elle correspondrait à la terrasse d’Abû Jemaa sur l’Euphrate et à la terrasse moyenne dans la région levantine. Une seconde phase de dépôt (QIa) dont il subsiste des lambeaux encroûtés (de glacis et de terrasse), daterait de la toute fin du Pléistocène moyen (stade isotopique 6). Elle correspondrait à la terrasse inférieure (a) de la région levantine. Après une période d’incision, une troisième phase de dépôt majeur (QIb), qui imprime encore aujourd’hui sa marque sur l’ensemble de la région (glacis et terrasses encroûtés puis dépôt lacustre du lac Jabbûl), a lieu au cours du dernier glaciaire, précisément à la fin du stade isotopique 4, au cours de la transition avec le stade 3 (55-65 ka BP). Cette phase de dépôt correspondrait à la seconde terrasse inférieure (b) de la côte levantine. La période suivante est marquée par une phase d’érosion éolienne qui se traduit par le creusement du lac Jabbûl actuel, durant le stade isotopique 2. À cette phase de creusement fait suite une période de dépôt (Q0a) entre 9000 BP et 7000 BP, relayée ensuite par une série d’alluvionnements et d’incisions modestes dont seul le dépôt post romain (Q0b) a été conservé. Ces dépôts peuvent être assimilés aux basses terrasses du Levant ou de l’Euphrate. Il est possible qu’une phase de dépôt du Bronze ait eu lieu (comme c’est le cas dans la vallée de l’Euphrate par exemple), mais seule une terrasse contenait des artefacts de cette époque et nous ne sommes pas encore en mesure de dire s’il s’agit bien d’une terrasse de cette période ou si elle est fortement postérieure. Il n’en demeure pas moins que ces résultats constituent des éléments supplémentaires pouvant être intégrés à la chronologie du Pléistocène continental syrien, encore relativement mal connu en raison de la pauvreté des marqueurs morphologiques. Les datations absolues qui pourraient être réalisées dans le futur pourront confirmer la chronologie récente tout en mettant en évidence, davantage encore, le rôle de l’optimum climatique holocène dans le façonnement du paysage actuel de la Syrie continentale.