1 – L'histoire du genre généalogique en France

Notre intention est de retracer l'histoire de la généalogie en nous attardant plus spécifiquement sur les raisons qui amènent une couche sociale à s’intéresser à celle-ci et sur les enjeux qui concernent la bourgeoisie et les nouvelles populations de ces trente dernières années en France. Nous souhaitons comprendre, avec cette histoire, comment un tel genre se manifeste dans chaque couche sociale et époque, et pourquoi il persiste encore et même touche de nouvelles couches sociales, dans une société habitée comme l'est la nôtre par des valeurs démocratiques et individuelles. Nous examinerons donc l'histoire de ses usages en Europe et y relèverons plus particulièrement les profils et les motivations des groupes et individus qui l’ont sollicités à chaque période. Nous avons puisé l'essentiel de nos données, sur les périodes qui précèdent le XXe siècle, dans les travaux d'André Burguière et de Georges Duby.

L'histoire de la généalogie est inséparable de l'histoire des représentations religieuses et des idéologies qui se sont déposées dans la culture occidentale , dit André Burguière ; la généalogie ne s'imposera comme une science qu'à la fin du XVIe siècle, au moment où la solution iconographique la plus achevée de sa forme se fixera : l'arbre généalogique 66 . Nous verrons qu'au fur et à mesure du temps, le champ généalogique a agrandi ses frontières : les généalogies ont été d'abord divines puis royales, puis, par le jeu des redistributions régaliennes, patriciennes, puis bourgeoises. Dans la deuxième moitié du XXe siècle, il en est apparu une nouvelle forme qui a été qualifiée de populaire, démocratisée ou vulgarisée. Nous chercherons à lui donner une place dans cette longue histoire.

Notes
66.

. BURGUIERE André (1992), opus cit., p. 23.