1 – 2. Le profil généalogique des auteurs

Pour continuer de construire le portrait de nos auteurs, nous avons voulu situer le profil généalogique de ceux-ci. Occupaient-ils une position spécifique à l'articulation de leur filiation et de leur descendance ? Etaient-ils plutôt dans un mouvement de continuité relativement à leurs ascendants ou bien de rupture ? Avaient-ils des craintes concernant leur postérité qui les auraient conduits à écrire pour perpétuer leur mémoire ?

Dans ce chapitre, nous avons tout d'abord mis à l'étude la postérité des auteurs pour savoir s'ils avaient eu des inquiétudes vis-à-vis d'elle ou, si ce n'était eux-mêmes, leurs parents. Nous voulions aussi vérifier si ces inquiétudes portaient sur la postérité du patronyme. Puis nous avons cherché à évaluer le degré d'ancienneté des branches de leur filiation à Lyon. Quelles lignées étaient les plus établies dans la cité ? Quel degré d'ancienneté avait la lignée patronymique ?

Nous avons voulu voir si nos auteurs vivaient tous à Lyon au moment de la rédaction de leur récit, car ils avaient bien pu ressentir une nostalgie de leur milieu géographique et social, et craindre de voir leur descendance perdre le lien avec celui-ci : écrire et remettre l'histoire à leurs enfants afin que ceux-ci l'aient toujours auprès d'eux pour se rappeler leur identité et leurs origines !

Nous avons souhaité examiner la mobilité résidentielle et sociale de leurs lignées patrilinéaires. Celles-ci montraient-elles une ascension sociale, comme on pouvait le supposer au vu des études d'André Burguière sur les Temps modernes et celles des historiens et sociologues sur les nouvelles populations ? Quelles places avaient les auteurs, eux-mêmes, en rapport à la pente de leur lignée ? Etaient-ils dans le mouvement de la trajectoire de leurs pères ? Avaient-ils écrit pour retrouver une légitimité perdue dans leur famille, comme le suggère Isabelle Bertaux-Wiame.

Enfin, nous étudierons la situation sociale des alliés de la lignée patrilinéaire : nous pouvons nous attendre à ce qu'elle soit supérieure à celle des hommes de celle-ci, au vu des logiques d'ascension dont nous avons fait l'hypothèse. Trouve-t-on plusieurs maternels dans ce cas ? Les parents des auteurs en font-ils parties ? S'il en est ainsi, on pourra supposer que les auteurs de nos récits sont des fils et filles de parents dont le père, au moins, est situé sur une lignée en pente sociale ascendante et la mère de condition supérieure à ce dernier. Il faudra alors se demander si cette filiation peut engendrer des enjeux les portant à une conscience généalogique de leur identité ou du moins à écrire leur passé sous les formes de la généalogie. Pour lors, examinons notre premier facteur : soit le facteur de postérité.