2 – 2.3. Les preuves de la réussite de la première migration

Après avoir identifié les premiers ancêtres de son groupe d'appartenance paternel, chaque narrateur présente le premier ancêtre qui s'est expatrié du village des origines pour une localité plus importante. Pour certains, cette localité sera un bourg offrant plus d'avantages que leur village – l'exode vers Lyon venant après, avec leurs fils – et pour d'autres ce sera directement Lyon. Quoi qu'il en soit, le premier d'une lignée qui quitte le village fait transition entre le groupe des premiers ascendants et celui des Lyonnais. Après avoir fait valoir l'ancienneté de la mémoire de leurs paternels et la continuité dans le temps, le lieu, les modes de vie et les valeurs de ceux-ci, chaque narrateur va instruire le destin individuel des membres de sa famille qui ont fait rupture avec cette continuité par leur mobilité géographique.

Nous examinerons dans ce chapitre seulement le destin de ceux qui ont émigré vers une localité d'importance supérieure et non encore vers Lyon. Nous trouvons ceux-ci dans 4 récits sur les 6 de notre corpus de référence et 6 sur les 11 dans tout notre corpus. Nous décrirons leurs identités, les motifs de leur départ et leurs alliances, ainsi que leurs fonctions et les enjeux qu'ils ont rencontrés à l'arrivée dans leur nouvelle localité. Nous constaterons que les narrateurs les représentent comme ayant réussi socialement leurs investissements individuels, sans avoir perdu l'ancienneté de leur mémoire généalogique ni rompu la continuité de leur identité familiale.