Conclusion

Nous avons souhaité éclairer en profondeur les raisons qui ont amené des individus à écrire un récit généalogique de leur passé familial, dans une élite traditionnelle, aux XIXe et XXe siècles, en France. Notre objectif était de mieux comprendre chez quels individus, dans quels contextes sociohistoriques et familiaux, dans quels objectifs, et comment une conscience généalogique de soi, de sa famille et de son groupe d'appartenance émergeait. Nous désirions contribuer à une meilleure connaissance des rapports entre mémoire familiale et structuration identitaire, tant au niveau individuel que familial et social. Nous avons choisi d'effectuer notre analyse à partir d'un échantillon de familles contemporaines urbaines qui avaient chez eux de tels récits : des familles appartenant à une bourgeoisie lyonnaise catholique, stable géographiquement. Nous voulions dégager les déterminants du profil identitaire des généalogistes amateurs qui ont rédigé ces récits, définir les conditions et contextes dans lesquels ils les ont produits, appréhender les enjeux identitaires à l'origine de leur écriture, et mettre en évidence les fonctions de celle-ci. Une analyse microsociologique de onze familles de généalogistes, considérées sur plusieurs générations, et une analyse des contenus de plus de mille pages de leurs récits généalogiques, nous ont permis de réunir les conclusions suivantes.