Une nouvelle formulation de l’arbitrage organisationnel

L’opposition entre les deux approches de la firme multinationale, brièvement exposées ci-dessus, renvoie, en définitive, à deux conceptions de la firme, d’une part, et de l’apprentissage, d’autre part.

Contrôle versus accès : un point de partage entre les théories de la firme

S’inspirant de Richardson [1972], qui a contribué à faire des ‘compétences’ des firmes une unité d’analyse pertinente, B. Loasby a proposé de repenser la problématique de l’organisation industrielle autour du diptyque contrôle/accès : dans certains cas, il peut être plus coûteux pour la firme de chercher à contrôler des compétences que de chercher à y accéder sur le marché, lorsqu’elles sont indisponibles dans la firme mais disponibles sur le marché (Loasby [1998b], p. 149). Nous reviendrons plus en détail sur ce diptyque dans la seconde Partie, ainsi que sur l’analyse de G. Richardson. Mais, à ce stade de nos réflexions, il nous semble que ce diptyque est susceptible d’apporter un éclairage pertinent non pas uniquement sur les stratégies des firmes, comme c’est le cas dans Loasby [1998b], mais sur les théories des firmes elles-mêmes. En effet, le diptyque contrôle/accès permet d’opposer les deux théories de la firme multinationale brièvement présentées ci-dessus :

  • la théorie transactionnelle de la FMN est exclusivement focalisée sur l’aspect contrôle qui, pour elle, constitue la caractéristique essentielle de l’IDE (cf. supra), comme nous tenterons de le montrer dans la première Partie (Chapitre 2) ;
  • la théorie des compétences, au contraire, met en avant l’aspect accès –sans pour autant négliger l’aspect contrôle‑en soulignant l’importance, pour toute firme, de développer non seulement une organisation interne, mais également une ‘organisation externe (cf. supra). Nous développerons ce point dans la seconde Partie (Chapitre 4).

Le diptyque contrôle/accès constitue ainsi, en première lecture, une ligne de partage entre les théories de la firme multinationale.