1.1. Les bénéfices de l’internalisation : pallier l’éparpillement des connaissances et les difficultés d’appropriation

Au terme de la tradition d’analyse welfariste dont la théorie de l’internalisation est imprégnée, il n'y a pas de conditions organisationnelles d'adoption : toute information disponible est instantanément disposée à s'incorporer au sein de n'importe quelle structure organisationnelle (Foray [1991a], p. 783). C’est ce que relève Arrow [1994a] : ‘information privately produced for private gain contributes as an unintended by-product to the social pool of information. […] Information has thus both public and private aspects’ (p. 8). Les spillovers informationnels sont par conséquent censés poser un redoutable problème d'appropriabilité pour l'innovateur, d’autant plus aigu pour les firmes multinationales que leurs filiales sont géographiquement dispersées (1.1.1.). Ce type de préoccupations, caractéristiques de la vision traditionnelle de l’innovation dont s’inspire la théorie transactionnelle de la firme multinationale, est particulièrement bien résumé dans le passage suivant extrait de Nordhaus [1969a] :

‘[There is a] high degree of external economy in the production of knowledge. The externalities come from the inability of firms to capture all the fruit of their inventions. This is the appropriability problem. (p. 38)’

Se situant en cela dans la droite lignée de la tradition welfariste, la théorie de l’internalisation va placer le ‘problème de l’appropriabilité’ au cœur de ses réflexions (1.1.2.).