Section 2. Compétence et coordination dans l'organisation : la firme comme unité d'analyse

Si l’on considère à présent, à l’inverse des approches présentées dans la première section, que les connaissances relatives aux activités de production sont limitées, la nature de la firme répond alors à une autre logique. C’est le point de départ de l’approche émergente en termes de ‘compétences’ de la firme. Cette approche n’étant pas monolithique (cf. Foss [1993]), nous devrions plutôt utiliser le pluriel. En effet, les sources de l’approche en termes de compétences recoupent différents champs de recherche, dont les principaux thèmes et contributeurs sont les suivants (Foss [1996], pp. 1-2) :

En dépit de leur diversité, l’ensemble de ces contributions s’accorde sur l’importance stratégique à reconnaître aux ‘compétences’ (competencies), également appelées ‘capacités’ (capabilities), qui constituent les ressources cognitives de la firme et qui ont pour propriétés non exhaustives d’être de nature partiellement tacite, difficiles à échanger sur le marché, partagées entre les membres de l’organisation (Foss [1996], p. 2) et de procurer à la firme un avantage compétitif pérenne (Loasby [1998a], p. 173).

Nous pouvons ainsi rassembler l’ensemble des contributions qui adhèrent à cette perspective sous le label générique de ‘théorie des compétences de la firme’ ou TCF (qui constitue la traduction de capabilities theory of the firm), ainsi que le proposent Loasby [1998a, b] et Langlois [1998], pour ne citer que les chefs de file de cette théorie. Précisons que la TCF relève d’une approche économique de l’organisation industrielle, les apports du management stratégique ayant été en grande partie intégrés dans celle-ci (cf. Rumelt et al. [1991)]

Nous présenterons, dans un premier temps (1.), la façon dont la TCF conçoit la raison d’être de la firme, avant de tenter de caractériser ce qui constitue, dans cette approche, son attribut essentiel, à savoir ses compétences (2.).