Conclusion du chapitre

Les approches en termes de coûts de transaction et en termes de compétences ne doivent pas être considérées comme des théories antagonistes de la firme. C'est le point sur lequel insistent la plupart des auteurs se situant dans la mouvance centrée sur les compétences de la firme. Ces deux approches peuvent ainsi s'avérer être de nature complémentaire en soulignant le fait que les firmes diffèrent non seulement au regard de leur structure contractuelle, mais également au regard de leurs compétences technologiques (Foss [1994b], p. 22). Par ailleurs, la capacité de conduire des transactions et, donc, d’évaluer les coûts de transaction constitue en soi une compétence, ce qui incite à reconsidérer la dichotomie entre coûts de transaction et coûts de production (cf. Winter [1991]). Ainsi, pour un certain nombre de ses tenants, la TCF est jugée comme étant éminemment complémentaire de l’ECT :

‘[T]he last few years have witnessed the emergence of a perspective –[…] generically called ‘the capabilities perspective‑ that is much more conscious of the production side of the firm and represents the nature of production in a way that is potentially complementary to the transaction-cost approach. (Langlois & Foss [1999], p. 202)’

L'aspect complémentaire des théories est également souligné par les tenants de l'approche contractualiste, à l'image de P. Milgrom et J. Roberts :

‘[T]he incentive-based transaction costs theory has been made to carry too much of the weight of explanation in the theory of organizations. We expect competing and complementary theories to emerge — theories that are founded on economizing on bounded rationality and that pay more attention to changing technology or to evolutionary considerations. (Milgrom & Roberts [1988], p. 465)’

C'est également le point de vue d’A. Chandler :

‘Like the builders of the evolutionary of the firm, I see agency and transaction cost theory of value to the economic historian but within the framework of evolutionary theory. Like them, I am convinced that the unit of analysis in developing a relevant theory of the firm must be the firm, not the contractual arrangements or transactions that it carries out. (Chandler [1992a], pp. 491-2)’

Des contributions récentes se sont ainsi attachées à étudier les points d'intégration possibles entre la théorie transactionnelle et la théorie des compétences de la firme. L'ensemble de ces points de rencontre est susceptible de former ce que Foss ([1994b], p. 21) qualifie de ‘néo-institutionnalisme dynamique’. Mais O. Williamson lui-même, bien qu’il reconnaisse l’apport de cette approche  65 , reste critique sur la TCF, en particulier sur deux points :

Notes
65.

cf. supra, Section 1, point 2.2.2.