Conclusion du chapitre

De nombreux chefs de file de la théorie de l’internalisation, à l’instar de P. Buckley, ont vu dans la TCF la possibilité de pallier les carences analytiques de la théorie ‘orthodoxe’ de la FMN (Buckley [1993a], pp. 199 & 203). Ainsi l’auteur, en conclusion d’un article consacré à ‘L’état de la l’art des théories de la firme multinationale’, plaidait-t-il en faveur d’un rapprochement entre la théorie de l’internalisation et la théorie des compétences (Buckley [1995], p. 271).

Sur les plan strictement prédictif, les deux théories s’avèrent, certes, complémentaires :

Cependant, sur un plan méthodologique, les deux théories diffèrent, notamment quant à leur conception des connaissances technologiques constitutives des compétences de la firme :

En résumé, ce sont leurs méthodologies opposées qui conduisent ces deux théories à formuler des hypothèses différentes sur la localisation des activités d’innovation : c’est parce que la théorie de l’internalisation conçoit la technologie comme un bien informationnel qu’elle représente l’IDE comme devant résoudre un problème d’appropriabilité. L’IDE doit donc, selon la théorie transactionnelle, permettre à la firme de contrôler sa technologie. À l’inverse, c’est parce que la théorie des compétences conçoit la technologie sous un aspect cognitif qu’elle concède à l’IDE une dimension d’accès. L’IDE doit donc également, selon la TCF, permettre à la firme d’accéder à des connaissances technologiques internationalement dispersées en constituant une capacité d’absorption à l’échelle internationale.

Il paraît ainsi difficile de concevoir une hybridation de la théorie de l’internalisation avec la théorie des compétences comme certains auteurs, tels que Buckley [1995], l’appellent de leurs vœux, dans la mesure où c’est la conception informationnelle de la technologie qui constitue le pilier fondamental de l’édifice transactionnel, comme nous l’avons montré dans le Chapitre 2. C’est pourquoi certains auteurs affiliés à la théorie de l’internalisation, dans un souci de cohérence méthodologique, restent fidèles au cadre de l’économie des coûts de transaction, à l’image de Casson [1998a].