1.2. Le choix de l’échantillon de FMN à étudier

La question de la constitution de l’échantillon peut se résumer en ces termes : comment analyser la dimension internationale des stratégies d’innovation des firmes multinationales ?

La référence pour le choix de l’échantillon de FMN à sélectionner est constitué par l’étude de Patel & Vega [1999] qui constitue, en quelque sorte, ‘l’étude-étalon’. L’échantillon retenu par Patel & Vega [1999] introduit cependant un biais. En effet, les auteurs retiennent les 220 firmes multinationales qui inventent le plus de brevets hors de leur pays d’origine  87 . Par conséquent, leurs résultats ne peuvent être étendus à l’ensemble des FMN puisqu’ils sur-évaluent la dimension internationale dans les stratégies des FMN : ces résultats reflètent les stratégies des firmes qui sont d’emblée les plus internationalisées. Ils ne permettent pas de répondre à la question de savoir quelle est la véritable place de la dimension internationale dans les stratégies d’innovation des FMN. En d’autres termes, la question à laquelle nous cherchons à apporter des éléments de réponse est la suivante : quelle est la proportion des activités de création technologique des firmes multinationales réalisée en dehors de leurs pays d’origine ? La méthodologie retenue par Patel & Vega [1999] ne convient donc pas dans la mesure où elle contribue à sur-dimensionner cette proportion.

Pour pallier ce biais, et évaluer véritablement la pertinence de la dimension internationale dans les stratégies d’innovation des FMN, nous proposons de sélectionner les FMN en fonction du volume de leurs activités d’innovation. En d’autres termes, nous proposons de travailler sur les FMN déposant le plus de brevets, quel que soit le pays d’invention de ces brevets. Cette méthodologie, fondée sur le volume de brevets, a été appliquée, notamment, par Cantwell & Janne [1999] dans leur étude portant sur la localisation des activités d’innovation des firmes multinationales européennes, ainsi que par Granstrand et al. [1997] dont l’étude du profil des compétences des FMN est fondée sur un échantillon composé des firmes technologiquement les plus ‘actives’ (c’est-à-dire déposant le plus de brevets). La logique que nous avons retenue pour sélectionner les firmes est donc technologique ; elle renvoie davantage à une caractéristique structurelle des firmes, à savoir leurs atouts technologiques dont les brevets constituent une bonne évaluation (cf. Narin et al. [1987] sur ce point).

Le choix de la période d’investigation, quant à lui, a largement été dicté par la disponibilité des données. En effet, au moment où nous avons entamé notre étude, la base de données ‘Institutions/FMN’ n’avait été établie, par l’OST, que sur la période 1988-1996. Nous avons en conséquence choisi deux périodes de référence les plus éloignées l’une de l’autre, de sorte à pouvoir établir des comparaisons inter-temporelles les plus significatives possibles. Ces deux périodes de référence sont : 1988-1990 et 1994-1996. Conformément à la méthodologie appliquée par l’OST, plutôt que de choisir des années individuelles (1988 et 1996, par exemple), nous avons privilégié des périodes suffisamment longues —de trois années chacune— afin de permettre un lissage des données. Chacune des périodes correspond aux années de publication des brevets : la période 1998-1990 correspond ainsi au cumul de trois années de publications de brevets européens ; de même pour 1994-1996. Malgré le caractère contraint du choix des périodes d’investigation, notons cependant que ces dernières recouvrent la période retenue par Patel & Vega [1999], à savoir 1990-1996, ce qui permettra des comparaisons directes.

Ces précisions étant faites, nous allons à présent insister sur la représentativité de l’échantillon sélectionné, tant sur le plan quantitatif (1.2.1.) que sur le plan des nationalités de firmes représentées (1.2.2.).

Notes
87.

C’est, en effet, ce que précisent d’emblée les auteurs : ‘for the current study we have chosen 220 firms with the highest volume of patenting outside the home country in the period 1990 to 1996’ (Patel & Vega [1999], p. 148).