Conclusion de la Partie

Les résultats obtenus dans le Chapitre 5 tendent à confirmer les conclusions de précédentes études portant sur la diversification technologique des FMN (Granstrand et al. [1997] ; Patel & Pavitt [1998]). Les firmes de l’échantillon étudiées apparaissent ainsi largement multi-technologiques :

• leur éventail de compétences technologiques s’est élargi entre les deux périodes d’investigation : plus de la moitié des firmes sont présentes dans un nombre de domaines technologiques compris entre 11 et 20 (sur un total de 30) ;
• leur indicateur de diversification technologique a progressé de 15 % entre les deux périodes : les firmes de l’échantillon étaient, en moyenne, présentes dans 16,6 domaines technologiques sur 30 sur la période 1994-1996 (14,4 sur 1988-1990).

Les résultats obtenus dans le Chapitre 6 contribuent à mettre en évidence la pertinence des prédictions de la théorie des compétences, en particulier celle des Hypothèses HB et H3 (stratégie Home-base augmenting) –le domaine de validité de l’Hypothèse H4 (Technology-seeking) étant davantage circonscrit. Les hypothèses avancées par les théories traditionnelles de la FMN sont vérifiées, mais leur domaine de validité s’est réduit entre les deux périodes étudiées. La stratégie Home-base exploiting (Hypothèse H2) demeure toutefois en seconde position du classement des stratégies, mais la stratégie Market-seeking (Hypothèse H1) occupe la dernière position.

Lorsque l’on analyse les résultats par nationalités sur la période 1994-1996, il apparaît que le domaine de validité des Hypothèses H1 à H4, sur notre échantillon, est relatif :

• l’Hypothèse H2, avancée par la théorie de l’internalisation et correspondant à la stratégie Home-base exploiting, ne semble validée que dans le cas de la France et de la Finlande ;
• l’Hypothèse H3, mise en avant par la TCF et correspondant à la stratégie Home-base augmenting, apparaît validée dans le cas des ‘grands’ pays –à l’exception de la France‑ et des ‘petits’ pays ;
• la validité des Hypothèse H1 (modèles de réactions oligopolistiques) et H4 (TCF) semble limitée aux cas de la Corée et de l’Italie, respectivement.

Les résultats par domaines technologiques sur la période 1994-1996 confirment les résultats par nationalités :

• dans 22 sous-domaines technologiques sur un total de 30, la stratégie Home-base augmenting (Hypothèse H3) arrive en première position ;
• la position la plus fréquente de la stratégie Home-base exploiting (Hypothèse H2) est la seconde.

Si l’on analyse l’évolution entre les deux périodes étudiées, on constate que  :

• la proportion de brevets européens inventés par les firmes de l’échantillon hors de leur pays d’origine est passé de 15,8 % à 19,5 %, ce qui tend à valider l’Hypothèse HB, déduite de la TCF ;
• les stratégies dont la part a progressé sont celles qui relèvent d’une logique d’exploration, c'est-à-dire d’apprentissage, à savoir les stratégies Home-base augmenting et Technology-seeking –avec, toutefois, une progression plus marquée pour la première. En première analyse, ces résultats semblent conformes aux prédictions des Hypothèses H3 et H4.

En définitive, les stratégies d’exploitation, sur lesquelles insistent de façon exclusive les théories traditionnelles de la firme multinationale –dont la théorie transactionnelle de la FMN‑ ne représentent, au vu de nos résultats empiriques, qu’un aspect seulement des stratégies d’innovation des firmes. Les stratégies d’exploration, et notamment la stratégie de type HBA, constituent même, de façon agrégée, la stratégie principale des firmes de l’échantillon testé.