1-f La transposition du modèle interactionniste en débat

L’utilisation du concept d’interaction auquel est adossée la notion de contrat suscite le débat. François Jost récuse cette approche en arguant du fait que ce concept, élaboré par Erving Goffman ⁵⁶ pour appréhender la communication intersubjective, et notamment la conversation, ne peut pas rendre compte de la dimension asymétrique de la communication télévisuelle où les protagonistes n’occupent pas une position équivalente. A Gianfranco Bettetini qui suggère d’aborder la communication télévisuelle comme une conversation, François Jost rétorque que “la conception du spectateur comme un interlocuteur(...) paraît inutilement provocante dès l’instant où le terme est privé de cela même qui fait sa définition, l’idée d’une interaction immédiatement possible” ⁵⁷ .

La transposition du modèle interactionniste tend aussi, selon cet auteur, à figer la relation dans un ensemble de règles qui sont autant de conditions à remplir pour se faire comprendre dans le cadre d’une conversation, mais qui ne régissent pas nécessairement les situations de communication télévisuelle. “Qu’une conversation dont on ne respecte pas les règles entraîne des incompréhensions est certain ; en revanche, il serait hasardeux de risquer qu’un récit, pour être compris, doit respecter certaines règles contractuelles, tout simplement parce que la compréhension, au sens où on l’entend pour la langue, n’est pas le seul mode possible du récit, de l’oeuvre d’art ou du document audiovisuel” ⁵⁸ .

A la notion de contrat, François Jost oppose la notion de promesse fondée sur l’hypothèse suivante : le genre télévisuel suscite chez le téléspectateur des attentes qui sont mises à l’épreuve par le programme. “Contrairement au contrat qui est une convention passée à deux, la promesse est un acte unilatéral qui n’oblige que le locuteur (certaines promesses ne se font d’ailleurs qu’à soi-même)” ⁵⁹ .