1-g La “ fin-en-suspens ” du récit journalistique

L’information contient en elle-même une promesse dont le lecteur, l’auditeur, ici le téléspectateur n’a jamais l’assurance a priori qu’elle sera tenue. “ Le rapport de l’information au savoir et à l’événement n’est pas celui qu’on croit ”, rappelle Jean-François Tétu. “ Un peu à la façon dont le roman policier se nourrit non pas de la recherche de la solution mais de son retard, l’information n’a pas pour but de dire un savoir, mais de maintenir une incertitude ” 60 .

La mise en scène de l’attente est ainsi l’une des caractéristiques du récit journalistique. Celui-ci, comme tout récit, comporte un début, un déroulement et une fin. A ceci près que, dans un récit médiatique, “ c’est la fin qui vient en premier : l’événement choisi pour apparaître dans l’actualité constitue la fin de l’histoire. C’est lui qui commande l’agencement de l’histoire. Il est toujours une “ fin-en-suspens ” donnée comme la clé momentanée de compréhension d’une histoire en mouvement ”, observe Jean-François Tétu 61 .

Le paroxysme du “ suspens ” et de l’incertitude est en quelque sorte atteint avec le direct télévisuel qui réunit deux conditions : d’une part, il investit le récepteur de la fonction narrative qui incombait jusque-là à l’émetteur ; d’autre part, il crée une attente susceptible de déboucher sur de l’inattendu. “ En somme, la force du direct, c’est que d’une façon plus ou moins vive, ce procédé serait attente de l’irreprésentable (…) Que va-t-il se passer ? On est tout entier dans ce présent du futur que seul l’après-coup narratif pourra réorganiser. ” 62

Notes
60.

Jean-François Tétu, “ L’actualité ou l’impasse du temps ” in Sciences de l’information et de la communication, Larousse, Paris, 1993, p.719.

61.

Jean-François Tétu, “ Information : la loi du récit ”, entretien avec Jean-Claude Ruano-Borbalan, dossier “ La fabrique de l’information ”, Sciences Humaines, n°129, juillet 2002

62.

Jean-François Tétu, op.cit.