I-1-b “ L’engagement constructif ” des Européens

C’est cette approche stratégique que l’Union européenne, à l’instar du Canada, adopte dès le début des années quatre-vingt dix. Avant de définir une position commune en 1996 conditionnant une pleine coopération économique avec Cuba à la mise en œuvre de réformes dans le domaine des droits de l’homme 124 , les pays européens ont manifesté à plusieurs reprises 125 leur forte opposition à l’embargo commercial appliqué par les Etats-Unis 126 . En juin 1995, la Commission européenne recommande d’engager des discussions préliminaires avec le gouvernement cubain afin de parvenir à un accord de coopération qui permettrait à Cuba de recevoir une assistance européenne aux mêmes conditions que celles consenties aux autres pays d’Amérique latine. En décembre 1995, lors du sommet de Madrid, le Conseil européen donne son aval à la Commission pour entreprendre ces négociations et lui demande de préparer un projet d’accord de coopération pour 1996. Durant cette période, le Commissaire Manuel Marin se rend à Cuba à plusieurs reprises. En février 1996, au cours de sa visite la plus importante, il rencontre le chef de l’Etat Fidel Castro et plusieurs membres de son gouvernement, sans parvenir toutefois à atteindre son objectif : obtenir de ses interlocuteurs l’engagement de mettre en œuvre les réformes jugées nécessaires pour conclure un accord 127 . Mais la volonté de l’Union européenne de poursuivre le dialogue politique et de développer les échanges économiques avec Cuba n’est pas remise en cause. En revanche, le contenu de l’aide apportée à l’île est réorienté. Tout en affirmant que “ le prochain rapprochement politique entre l’Union européenne et Cuba impliquera un plus grand respect des droits civils et politiques”, la Commission européenne 128 précise qu’elle a décidé en 2000 de “ mettre un terme à son programme d’aide humanitaire dans la mesure où Cuba ne se trouve plus dans une situation d’urgence généralisée et de se mobiliser financièrement sur des projets visant à promouvoir les réformes économiques et le développement de la société civile ”. Dans cette perspective, les organisations non gouvernementales apparaissent désormais comme des interlocuteurs qu’il convient de privilégier.

Notes
124.

Human Rights Watch, “ Cuba : La maquinaria represiva ”, 1999, site internet Human Rights Watch.

125.

Dès janvier 1964, la Grande-Bretagne refuse de se plier aux injonctions américaines et poursuit la vente à Cuba de 450 autobus.Au cours du mois suivant, les Etats-Unis réduisent leur aide à la Grande-Bretagne, mais également à la France, à l’Espagne et à la Yougoslavie, en représailles du maintien par ces pays de leurs liens commerciaux avec l’île. (Cuba Solidarity Project, “ Cuba : chronologie du blocus ”, 1997-2001, site internet Cuba Solidarity Project).

126.

En mars 1998, le Président Clinton a autorisé la reprise des vols directs entre Cuba et les Etats-Unis ainsi que la possibilité pour les exilés résidant aux Etats-Unis d’envoyer de l’argent à leur famille.

127.

Human Rights Watch, “ Cuba : la maquinaria represiva ”, op.cit.

128.

Commission européenne, “ L’Union européenne et Cuba ”, mai 2002, site internet Europa/Commission européenne.