* Exemple n°4 : “ Fierté homosexuelle ” contre Jubilé

A Cuba, la revendication du droit à la différence dans l’organisation sociale et politique est une constante depuis 1959. Elle est brandie en priorité à l’égard des Etats-Unis 315 . Mais cette revendication ne s’applique pas à tous les domaines de la vie sociale à Cuba. Intéressante à cet égard est la programmation du sujet intitulé “Fierté homosexuelle” contre Jubilé, diffusé dans la deuxième tranche (EE2). Le revirement du maire de Rome qui, contrairement à ses engagements initiaux et sous la pression du Vatican, a finalement refusé d’autoriser le défilé gay organisé durant l’année du Jubilé, est l’occasion de souligner le poids de l’Eglise catholique dans la vie politique et sociale italienne. La mise en lumière du conformisme des responsables politiques de ce pays n’est sans doute pas pour déplaire aux autorités cubaines, particulièrement attentives au respect du principe de séparation de l’Eglise et de l’Etat. En revanche, l’écho donné au militantisme gay risque, selon toutes probabilités, de n’avoir guère été apprécié à Cuba où l’homosexualité commence seulement à être tolérée. C’est une interprétation des faits rapportés prenant appui sur le cadre politique européen que proposent les journalistes d’Euronews. Audace tempérée : c’est à la marge de la vie politique institutionnelle que ces derniers exercent leur esprit critique.

Notes
315.

« Savoir si un pays petit, proche d’une superpuissance, peut suivre sa voie : c’est ce qui est en jeu aujourd’hui à Cuba. Les conventions internationales sur les droits humains, adoptées aux Nations unies, et celles dont on parle tant ces jours-ci, proclament textuellement que « tous les peuples ont droit à la libre détermination », et nous Cubains, nous nous sommes donné ce droit. Nous avons approuvé une Constitution, nous l’avons amendée, nous avons des lois, nous avons des institutions, nous avons plus de 2000 organisations issues de la société civile, entre organisations non gouvernementales et institutions syndicales, nous avons notre propre système, nos institutions, nous avons choisi notre chemin et avons droit au respect. C’est cela qui est ici en jeu : savoir si nous pouvons ou non tracer notre propre voie et exercer ce droit. » (Déclaration de Felipe Perez Roque, ministre cubain des Affaires étrangères, avril 2003)