II-5-b Une mise en relief accentuée de l’information

Si la durée de la tranche informative et l’ordonnancement des sujets demeurent inchangés, la “ séquence ” gagne en densité et en rythme après avoir subi plusieurs modifications “ internes ”. Examinons tour à tour ces éléments de continuité et de discontinuité. Le chronométrage du nouveau déroulé confirme tout d’abord la pérennité du format :

• le 30 mai 2000, sur une durée totale de 26 minutes, les informations de politique internationale, économie, société et culture, forment un “ bloc ” de 18 minutes ; les informations sportives un “ bloc ” de 6 minutes et 40 secondes ;
• le 6 février 2001, sur une durée totale de 25 minutes et 45 secondes, le “ bloc ” des informations de politique internationale, économie, société et culture, représente 17 minutes et 45 secondes ; celui des informations sportives 6 minutes et 40 secondes.

Le temps imparti aux génériques (20 secondes) et aux titres (une minute) n’a pas varié. L’ordonnancement des sujets non plus. Le sport occupe toujours le dernier quart de la tranche informative, mais un sixième sujet est traité ; ce domaine de l’information fait l’objet dans le sommaire de deux titres au lieu d’un seul dans les premières tranches, gagnant à la fois en densité et en visibilité. Autre modification affectant le déroulé : un ensemble de “ brèves ” – trois sujets traités en une minute – fait son apparition à l’intérieur du “ bloc ” des informations politiques. Alors que l’ordre d’énonciation des sujets constituait jusque-là la seule marque de hiérarchisation de l’information, l’introduction de “ brèves ” scinde le déroulé et offre une deuxième entrée postérieure à ce nouvel ensemble. C’est un élément de relance avant le changement thématique qui accompagne le passage des informations politiques aux informations sportives.

Les deux histogrammes sur lesquels nous avons reporté nos observations relatives aux dernières tranches informatives du programme “ Espacio Europa ” – tranches datées du 6 février et du 13 février 2001 à rapprocher de celles du 30 mai et 6 juin 2000 ³⁵⁷ – offrent un profil similaire et témoignent de cette réorganisation interne. Les deux graphes présentent ainsi un décroché qui correspond à l’ensemble des “ brèves ”. Deux sujets importants par leur durée, situés sur l’axe chronologique en amont et en aval des “ brèves ”, bénéficient de cet effet de contraste : dans la tranche du 6 février 2001, il s’agit de deux sujets politiques d’une durée voisine ( 3 minutes et 2 minutes et 30 secondes) ; dans la tranche du 13 février 2001, le premier « long » sujet est un sujet politique (3 minutes et 10 secondes), le deuxième un sujet de sport (3 minutes).

Cet effort de réorganisation de la “ mise en pages ” n’est, somme toute, que la transposition à l’écran des règles communément admises dans la presse écrite. A ceci près que le support papier permet à l’œil d’embrasser d’un seul regard la mise en relief résultant de l’application des règles typographiques et de saisir instantanément la hiérarchie de l’information établie selon la ligne éditoriale du journal. Le redéploiement partiel de l’usage des voix masculine et féminine selon un principe d’alternance accentue cet effet de contraste. L’alternance vaut désormais pour les titres. La voix masculine est également requise pour les “ brèves ”, en plus des nouvelles sportives. Mais la voix féminine qui est aussi la voix de la hiérarchie, conserve ses prérogatives dans le commentaire des sujets politiques.