III-3-a Etude du premier groupe de trois classes (1, 4, 6)

Formes associées au contexte F (classe 6) : // INFORMATION //

Dans la présentation des résultats d’ALCESTE, nous avons choisi de commencer par la classe 6 qui recouvre notre objet d’étude, l’information.

Si l’on reprend les deux arborescences proposées par le logiciel, celle-ci apparaît alternativement :

  • en opposition au groupe associant les classes 1 et 4, dans la première version de la CDH ;
  • en combinaison avec la classe 1, dans la seconde version de la CDH.

Pour parvenir à identifier le taxème de la classe, nous nous sommes tout d’abord reportés à la liste des formes associées au contexte F – le contexte qui correspond à la classe 6 – dressée par ALCESTE.

Cette liste se présente sous la forme suivante :

Les colonnes « khi 2 », « identification » et principalement les noms et les verbes parmi les occurrences, vont requérir notre attention.

Quinze occurrences - que nous avons fait ressortir en caractères gras dans la liste - se distinguent : quatorze se signalent par un Khi 2 élevé, une par un Khi 2 faible mais significatif.

passe / khi 2 = 34,05 /

intéresser / 27,55 /

propre / 21,27 /

moyen / 21,27 /

savoir / 19,78 /

défendre / 19,78 /

vue / 17,22 /

relation / 15,28 /

information / 14,37 /

Etats-Unis / 13,06 /

même / 13,06 /

vouloir / 12.32 /

monde / 11 /

Europe / 9,59 /

comprendre / 4,76 /

Nous disposons désormais d’une liste d’occurrences qui, par construction, correspondent aux formes qui sont les plus étroitement associées au contexte. Etape intermédiaire, la recherche du focus, c’est-à-dire de la façon dont ces occurrences s’inscrivent dans la thématique de la classe, va nous permettre de pousser plus loin l’analyse et d’identifier l’élément générique commun de la classe.

Nous repérons ici trois modes complémentaires d’inscription des occurrences dans la thématique : l’action, illustrée principalement par des verbes ; les modalités de l’action, incluant les formes et les lieux de l’action ; l’objectif de l’action dans les deux acceptions du terme objectif, système optique et but à atteindre. Si l’on se concentre sur le focus, trois regroupements peuvent donc s’opérer :

  • propre, moyen, vue, vouloir (objectif) ;
  • passe, intéresser, savoir, défendre, comprendre (action) ;
  • relation, information, Etats-Unis, même, monde, Europe (modalités).

Le taxème // INFORMATION // se dégage alors. On a, bien sûr, noté la présence dans la classe de cette occurrence (information), mais c’est l’activation de certains de ses sèmes (ci-dessous en caractères gras) qui nous incite à en faire un taxème. Examinons, en effet, la définition livrée par le dictionnaire :

  • information = renseignements sur quelqu’un, sur quelque chose ; ensemble de renseignements obtenus par quelqu’un ; action de s’informer, de prendre des renseignements ; renseignement ou événement qu’on porte à la connaissance d’une personne, d’un public ; communiqué, nouvelle ; ensemble des informations ; action d’informer le public, l’opinion, par la presse, la radio, la télévision ; élément ou système pouvant être transmis par un signal ou une combinaison de signaux ; ce qui est transmis, objet de connaissance , de mémoire.

Nous avons fait ressortir dans cette définition les éléments sémiques qui nous semblent déterminants. Les premières occurrences de la classe relèvent du /faire/, de l’/agir/ : quatre verbes se situent ainsi en début de liste ( passe, intéresser, savoir, défendre) et un verbe en fin de liste (comprendre). La différence de positionnement entre le début et la fin de la liste, selon la force ou la faiblesse des Khi 2, fournit une indication précieuse : le faire savoir l’emporte sur le faire comprendre dans les priorités assignées à l’information. Ces verbes renvoient à la fois au message (relation, information), au destinataire et au mode de transmission. L’objectif est double : se forger son propre point de vue et disposer pour cela des moyens appropriés (propre, moyen, vue). Le projet est d’autant plus ambitieux (vouloir) qu’il est mis en oeuvre dans un environnement international (Etats-Unis, monde, Europe) dont l’adverbe même  témoigne de la nature à la fois pluraliste et conflictuelle.