Vers la constitution d’un pôle métier-rôle du journaliste

Tentons maintenant de récapituler les observations relatives aux trois classes de notre premier groupe et interrogeons-nous sur la signification possible de ce premier ensemble. Pour cela, nous allons reprendre les deux versions de la classification descendante hiérarchique proposée par ALCESTE.

Dès le début de cette étude, nous avons insisté sur l’intérêt prioritaire que nous portions à la classe 6 associée au taxème // INFORMATION //. La variation constatée entre les deux arborescences nous semble recouvrir deux lectures possibles.

La première combinaison - classe 1 // POSITION // classe 4 // ACTUALITE // - reflète la double dimension de la classe 6 // INFORMATION //. L’information se construit à travers une sélection de faits prélevés dans le flux et la mise en récit de ces faits. Cette sélection est l’expression d’une prise de position. Et c’est le récit qui confère aux faits retenus leur actualité.

En revanche, la seconde combinaison - classe 1 // POSITION // classe 6 // INFORMATION // - en opposition à la classe 4 // ACTUALITE // suggère un clivage au sein de la pratique journalistique. Pour rendre compte de l’actualité, le journaliste est confronté à une alternative : donner une information ou prendre position.

Deux démarches épistémologiques sont ici exposées : le point de vue que nous dégageons de la première combinaison - l’information est une construction - relève d’une démarche constructiviste ; le point de vue que nous relions à la deuxième combinaison - l’information existe indépendamment de l’observateur - atteste d’une démarche positiviste. Reportons ces deux approches sur notre représentation graphique afin d’identifier leur dénominateur commun.

Ce groupe de trois classes, dans ses deux versions, semble constituer un pôle marqué par les différentes facettes du métier-rôle du journaliste chargé à la fois d’établir des faits, d’élaborer une intrigue et de produire des commentaires. Il induit un questionnement éthique, l’expression d’une déontologie. L’émergence de ces deux démarches épistémologiques comme élément structurant du discours des professionnels cubains – avec toutes les réserves que nous formulons à l’égard de « l’analyse de discours assistée par ordinateur » – serait-elle l’indice d’un débat interne à la profession, d’une réflexion critique sur ses pratiques ?