Formes associées au contexte B (classe 2) : // LIBERTE D’EXPRESSION

Dix-sept occurrences retiennent notre attention : quatorze présentent un Khi 2 élevé, trois d’entre elles se distinguent par un Khi 2 négatif qui témoigne d’une absence remarquable, sans toutefois leur conférer une signification au sens statistique du terme :

Internet / Khi 2 = 23,14 /

dire / 20,45 /

ne / 16,27 /

problème / 15,84 /

apprendre / 15,25 /

pas / 12,72 /

ici / 12,10 /

accès / 11,17 /

chaîne / 10,32 /

rester / 10,29 /

savoir / 10,29 /

gouvernement / 10,02 /

je / 9,49 /

moi / 6,70 /

voir / - 3,75 /

programme / - 3,35 /

image / - 2,34 /

Pour repérer les modes d’inscription des occurrences dans la thématique, commençons par observer les premières et les dernières occurrences de la liste  dont les khi 2 positifs semblent traduire une nette appartenance de ces formes au contexte : Internet, dire, ne, problème, savoir, gouvernement, je, moi.

Quatre « entrées » apparaissent : l’usage d’Internet, dernière illustration des moyens modernes de communication, recouvre des enjeux politiques et sociaux que résument les verbes dire et savoir ; ilse heurte à des obstacles (ne, problème) et il implique des acteurs agissant au nom d’un collectif (gouvernement) ou à titre individuel ( je, moi). Les occurrences présentant un khi 2 négatif – voir, programme, image – empruntent, en quelque sorte, le même aiguillage.

Quatre regroupements peuvent ainsi s’opérer :

  • dire, apprendre, rester, savoir, voir (enjeux) ;
  • gouvernement, je, moi (acteurs) ;
  • ne, problème, pas, ici (obstacles) ;
  • Internet, accès, chaîne, programme, image (moyens).

Les premières occurrences de la classe (Internet, dire, ne, problème) mettent en avant un univers dont Internet constitue une forme emblématique : celui de la communication ; un mode : la négation ; et une problématique : des opportunités d’échange et d’expression contrariées. Il s’agit d’une question politique qui oppose le gouvernement et les citoyens, qui met en cause le rapport entre le pouvoir politique et les individus (je, moi). La divergence qui se manifeste (ne, problème, pas, ici) porte sur les possibilités d’échanges liées à l’usage de médias qui échappent à Cuba au contrôle étatique (Internet, accès, chaîne). Les enjeux (dire, apprendre, savoir, voir) relèvent de droits fondamentaux et de libertés considérées comme indissociables du fonctionnement démocratique d’une société moderne.

L’occurrence rester est plus difficile à interpréter : elle peut tout aussi bien signifier une volonté de demeurer sur place qu’exprimer une menace de départ. Les trois occurrences présentant des Khi 2 négatifs (voir, programme, image) renvoie au lien susceptible d’être établi entre le domaine politique et l’univers technique. Leur absence remarquable confirme que le contexte de la classe relève de la sphère politique : des principes sont en jeu, les possibilités d’action individuelle et collective dépendent de décisions politiques.

Le syntagme // LIBERTE D’EXPRESSION // nous semble approprié pour désigner cette classe. Les définitions confortent ce choix :

  • liberté = situation de la personne qui n’est pas sous la dépendance absolue de quelqu’un, ou qui n’est pas captive, enfermée ; possibilité, pouvoir d’agir sans contrainte ; facilité, faculté, loisir; indépendance d’esprit ; pouvoir agir, au sein d’une société organisée, selon sa propre détermination, dans la limite de règles définies ; absence de contrainte considérée comme illégitime ; pouvoir que la loi reconnaît dans un domaine ; droit.
  • expression = action ou manière d’exprimer ou de s’exprimer ; le fait d’exprimer par le langage ; caractère, vie ; ce par quoi quelqu’un ou quelque chose s’exprime, se manifeste.

L’émergence de cette thématique dans le discours des professionnels de la télévision cubaine atteste de son acuité et entre en résonance avec le débat en cours sur l’avenir politique de l’île dont les journalistes sont partie prenante.

Il est intéressant de noter l’importance symbolique d’Internet dont l’appropriation matérielle est associée à la conquête d’une liberté individuelle.