Intéressons-nous d’abord aux embrayeurs liés à la catégorie de la personne, au sens où l’entend Emile Benveniste dans sa définition du discours : « Toute énonciation supposant un locuteur et un auditeur, et chez le premier l’intention d’influencer l’autre en quelque manière (…), bref tous les genres où quelqu’un s’adresse à quelqu’un, s’énonce comme locuteur et organise ce qu’il dit dans la catégorie de la personne. » Nous allons concentrer nos observations sur quatre types d’embrayeurs, tels que les envisage Dominique Maingueneau 391 :
La répartition quantitative des je et des nous dans le discours de nos quatre interlocuteurs va nous aider à établir une première distinction. Selon Dominique Maingueneau 392 , « le nous permet au scripteur de demeurer dans le registre de la première personne tout en se démarquant du caractère individualisant qu’implique le je… Cet énonciateur n’est pas un individu parlant en son nom propre (je), c’est, derrière lui, l’ensemble d’une communauté savante unanime. Par une sorte de « contrat énonciatif », l’auteur se pose en délégué d’une collectivité investie de l’autorité d’un savoir dont la légitimité repose sur une institution…»
Que signifie l’emploi du je et du nous dans les propos tenus par les professionnels de la télévision cubaine ? De quelle communauté, de quel savoir et de quelle institution légitimant ce savoir est-il ici question ? Dans quel cas le on est-il utilisé ? C’est ce que nous nous proposons de découvrir. Si l’on totalise pour chacun de nos interlocuteurs l’ensemble des embrayeurs relevant à un titre ou un autre de la catégorie de la personne ainsi que les adjectifs et pronoms possessifs contenant ces mêmes embrayeurs – moi, mon, ma, mes, le mien, la mienne, les miens, les miennes, seront ainsi assimilés à je - , on obtient les résultats suivants :
Dominique Maingueneau, op.cit., p.21-27.
Dominique Maingueneau, op.cit., p.32.